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SOUVENIRS DE GRÈCE.

sement il n’en fut pas ainsi ; l’intervention de vos forces navales et le courage des consuls de France et d’Autriche, MM. Fauvel et Gropius, sauvèrent pourtant quelques victimes. Par quelles terribles représailles notre trahison a été punie ! Rechyd-Pacha vint nous investir. En 1826, Gouras, forcé de se retrancher dans l’Acropole, y fut rejoint vers le mois de décembre par votre brave Fabvier, qui partagea nos dangers, et que l’on vit toujours le premier où se trouvait le péril. Au printemps suivant, l’armée grecque fit un effort pour nous débloquer. Cochrane, Church, le général Gueheneuc, ancien aide-de-camp de Napoléon, M. Édouard Grasset, le colonel Gordon, et une foule d’autres philhellènes, accompagnés de troupes nombreuses, se présentèrent devant le Pirée (19 mars 1827). Karaiskaki, de son côté, à la tête de ses pallicares, occupait le camp de Keratsina. Après quelques escarmouches, et le massacre horrible des Albanais qui occupaient le monastère alors au Pirée, l’armée de débarquement s’établit dans la plaine, et parvint même jusqu’à la colline du Musée. Mais le 7 avril, jour à jamais funeste, un engagement général eut lieu. Nos compatriotes, tournés par la cavalerie turque, éprouvèrent une défaite complète, un grand nombre de philhellènes et 1500 Grecs perdirent la vie. L’Acropole, désormais sans espoir d’être secourue, dut capituler ; le vainqueur de Navarin, l’amiral de Rigny, interposa sa médiation puissante, et sauva la garnison ; mais, depuis cette époque, la bannière de la croix n’a plus brillé sur Athènes.

» Là, fut naguère une population heureuse et florissante ; à cette heure, vous auriez entendu chaque soir les accords joyeux des mandolines grecques sur les terrasses, se mêlant confondus aux cantiques pieux du