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SOUVENIRS DE GRÈCE.

bustes sauvages ; nous vîmes ensuite une prairie, dans laquelle le dehli bâchi avait mis ses chevaux au vert, et quelques pas plus loin, nous entrâmes dans un bois touffu d’oliviers. Sous l’ombrage de ces vieux arbres, coulait un petit ruisseau qui répandait dans ces lieux une délicieuse fraîcheur : ce ruisseau, c’était le Céphise.

Il était environ sept heures du matin quand nous aperçûmes les faibles murailles d’Athènes au-dessus d’un monticule peu élevé : nous suivions alors la Voie Sacrée, laissant derrière nous le tombeau d’Euripide et les autels des Muses et de Zéphire.

Nous atteignîmes une misérable porte que le plus léger effort eût suffi pour renverser ; elle s’ouvrit, et laissa voir une troupe de cinquante bandits dont les physionomies farouches ne se trouveraient guère en France que dans les bagnes ; ils étaient, à la vérité, couverts d’un costume peu propre à rehausser leur mine : de grossiers vêtemens de toile grise, en lambeaux, cachaient à peine leur sale nudité ; c’était la garnison d’Athènes, c’étaient les successeurs de Tyrtée, de Miltiade et de Xénophon. Notre guide échangea avec eux quelques mots dans une langue barbare qui nous était tout-à-fait inconnue, et nous pûmes nous diriger sans obstacles vers la partie basse du vallon, où nous apercevions l’emplacement de la ville.

Mais en vain cherchions-nous « ces toits aplatis entremêlés de minarets, de cyprès, de ruines, de colonnes isolées ; les dômes de ces mosquées couronnées par de gros nids de cigognes[1], les tours élégantes de ces kiosques brillans[2], » décrits par Byron et Château-

  1. Itinéraire de Paris à Jérusalem, tom. 1, pag. 143. (Œuv. Compl.).
  2. The. Corsair. Cant. iii.