Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 2.djvu/252

Cette page a été validée par deux contributeurs.
242
HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

du pontife. La pomme de grenade est placée dans une de ses mains. La quenouille garnie d’une laine blanche, et entourée du voile saint du connubium, repose à ses côtés.

De jeunes hommes et de jeunes filles forment le cortége lamentable. Icilius, promis de Virginie, Numitorius, oncle de la vierge immolée, servaient l’un et l’autre dans l’armée de Fabius ; ils se sont échappés du camp, et ils se trouvent là pour mener le deuil.

On ne peut écarter la nourrice, toute teinte du sang de son élève. Elle promet d’étouffer ses gémissemens pour ne pas troubler le calme religieux d’un convoi si nouveau et si imposant.

Le patron de la jeune fille veut lui-même honorer de sa présence les funérailles de celle dont il admira de près l’innocente beauté, les grâces parfaites, les chants inspirés. Il verse des larmes abondantes, en pensant qu’il a livré la douce victime. Hélas ! il ne comprenait point la nature de l’événement qui venait de se passer. Il marche isolé, et tous respectent son auguste douleur.

Les jeunes hommes et les jeunes filles chantent alternativement la belle Virginie, morte à la fleur de ses ans, immolée par son père généreux.

« Tressons des fleurs, elle l’a voulu ainsi, tressons des fleurs pour l’épouse plébéienne, qui nous a acquis la gloire de la pudeur, aux dépens de sa touchante vie !

» Elle était belle entre toutes les filles de son âge, qui furent ses compagnes ; elle eût été belle entre toutes les filles patriciennes ; elle est belle encore sur ce lit de feuillage, où elle semble reposer dans le sommeil, sur ce lit funèbre qui est environné de toute la gloire des noces solennelles !