Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/478

Cette page a été validée par deux contributeurs.
464
VARIÉTÉS.

— Ah ! pour le coup, père Larose, c’est trop fort… Vous croyez encore être parmi les Arabes, et raconter une histoire des Mille et une Nuits… – Je voulais seulement dire, reprit-il, que les diamans étaient beaux. On nous en donna… »

Il ne put achever… Tout l’équipage criait navire ! navire au large ! nous sommes sauvés !… Il entre… On traite avec lui, et nous revoyons la France…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

J’ai renoncé pour toujours aux voyages. J’ai dit adieu à la mer et à ses orages, comme au beau ciel des tropiques où les navigations sont si douces.

Adieu aussi, admirables aspects des contrées équatoriales, îles verdoyantes de l’Océanie ceintes de vos forêts de palmiers aux tiges ondoyantes, vous ne m’apparaîtrez plus à l’horizon pour réjouir ma vue fatiguée de la monotonie des flots.

Je ne verrai plus accourir vers nous vos joyeux habitans, enfans capricieux et légers d’une nature indomptée ; bons ou méchans selon qu’il leur prend envie. Ils ne me serviront plus de guide dans mes courses solitaires, et je ne dormirai plus dans leurs cases de sauvages.

Je n’éprouverai plus de ces sensations fortes qui font tant vivre dans un instant, lorsque soudainement, et sans transition, se présente la question d’être ou de ne plus être.

Et vous, productions d’une nature féconde que j’aimais tant à observer, générations se renouvelant sans cesse et sans terme, mystère incompréhensible d’êtres jetés comme au hasard dans cet océan de vie, votre étude ne m’occupera plus, votre fin ne tourmentera plus ma pensée. C’est à regret, et malgré moi, que je vous abandonne ; mais je renonce aux sciences. À quoi m’ont-elles servi ?…

Je ne veux plus vivre que de souvenirs ; du moins ils me