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Littérature.

LES SOCIÉTÉS POPULAIRES[1]

Stupide est la foule qui s’ingère de participer aux grands mouvemens des affaires politiques ; stupide, aveugle et insensée, car elle n’entrera jamais pour rien dans leurs résultats. Toute révolution qui échoue tourne au profit des pouvoirs qu’elle avait menacés ; toute révolution qui réussit, au profit des avocats. Dans le premier cas, vous n’avez fait que river votre chaîne ; dans le second, ce que vous croyez avoir conquis sur les aristocrates vous est repris par les sophistes. Vous avez transporté au péril de votre vie les dépouilles de la féodalité dans le vestiaire du sénat, et vous restez, quant à vous, ce que vous étiez devant : une mine bonne à exploiter, un troupeau bon à tondre, un peuple.

Le seul avantage que les révolutions aient pour les classes inférieures, et je conviens qu’il vaudrait la peine d’être

  1. Nous devons à une communication bienveillante ce fragment inédit des Souvenirs de la Révolution d’un de nos plus brillans écrivains. On y reconnaîtra facilement la touche incisive et piquante de l’auteur des Sept Châteaux. Ses Souvenirs paraîtront incessamment chez Levasseur au Palais-Royal.