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ÎLES DE LA SONDE.

a beau être souillée de sang humain, personne n’ose le tuer. Si c’est un proche parent qui est devenu sa proie, peut-être cherchera-t-on à venger sa mort ; mais dans ces occasions même, il arrive quelquefois que des craintes superstitieuses éteignent tout à coup la soif de la vengeance.

L’ère des Balinais est appelée isahia ; chaque mois se compose de trente-cinq jours, et l’année de quatre cent vingt.


§ II.
ÎLE DE SUMATRA.

Il existe dans la partie septentrionale de Sumatra une nation fort nombreuse, qui occupe tout le pays compris entre Achem, Menangkabou et la mer : ce sont les Battas. Ils ne résident guère sur la côte, et préfèrent l’intérieur de l’île. La population se compose de un à deux millions d’individus. Le gouvernement des Battas est régulier ; ils ont des assemblées délibérantes et de grands orateurs ; chez eux, presque tout le monde sait écrire ; ils ont une langue et une écriture particulières. Il en est de même de leur religion. Ils reconnaissent un seul Dieu suprême auquel ils donnent le titre de Dibata assi assi ; ils ont de plus trois autres grands dieux, qu’ils supposent avoir été créés par le premier. Ce peuple est belliqueux ; il se distingue par sa probité, sa bonne foi et sa prudence. Le pays qu’il habite est parfaitement cultivé, et les crimes n’y sont pas très-nombreux. Cependant, malgré toutes leurs qualités, malgré l’état de civilisation où ils sont arrivés, les Battas n’en sont pas moins des cannibales dans toute l’étendue du mot.