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VOYAGES.

avec ces mots : Lima libre jure son indépendance, 1821, et sur le revers, couronné de lauriers, ceux-ci : Par la protection de l’armée libératrice commandée par Saint-Martin. Que le plus puissant des orateurs avait raison de dire que, dans les révolutions, il n’y a qu’un pas du Capitole à la roche Tarpéienne !

Bien que la population du Pérou soit considérable, le zèle pour la défense commune n’a jamais été assez vif pour recruter une armée en proportion avec le nombre des habitans en âge de porter les armes. Six mille hommes sont au plus tout ce qu’on a pu rallier sous les drapeaux, et jamais cet état n’eût secoué le joug des Espagnols sans les secours envoyés par la république Argentine. Les régimens de Buénos-Ayres, aguerris et disciplinés, commandés d’ailleurs par d’habiles officiers, eurent en effet tout le mérite des succès que remporta la cause de l’indépendance, et toutes les bouches ne tarissaient point alors sur les hauts faits d’un colonel de vingt-quatre ans, nommé don Juan Lavalle, surnommé l’Annibal d’Amérique. La chute de l’empire français, et le licenciement des officiers de cette vieille armée qui traversa tant de fois, les armes à la main, l’Europe dans tous les sens, amena l’émigration d’un certain nombre de braves, dont l’expérience ne contribua pas peu à faire pencher la fortune du côté des républicains. Dans le nombre de ceux dont les noms se trouvent consignés dans mon journal, je citerai le colonel de Brançay, les chefs d’escadron Rollet et Bruix, et M. Bouchard, ancien lieutenant de vais-