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ANTIQUITÉS DU MEXIQUE.

arrivé pour vous asseoir sur votre trône, sur votre siége pontifical, que j’ai occupé en votre nom durant quelques années. D’autres seigneurs, et déjà ils sont morts, l’ont possédé avant moi : l’un d’eux se nommait Ytzcoatl ; l’autre Montezuma l’ancien ; les autres encore, Axacayatl, Ticocic et Avizutl ; et moi, le dernier de tous, je suis venu pour régir, pour prendre soin de votre ville de Mexico. Nous avons tous supporté le poids du gouvernement de votre empire et de vos vassaux. Les morts ne peuvent voir ni savoir ce qui se passe maintenant : plût à Dieu, par qui nous vivons, que quelqu’un d’entre eux fût vivant, et qu’il vît s’accomplir en sa présence ce qui s’accomplit devant moi ! Ils sont absens. Vous qui êtes notre seigneur, je ne dors ni ne rêve, c’est de mes yeux que je vois votre face et votre personne ! Il y a long-temps que j’espérais cela ; il y a bien des jours que mon cœur cherchait à découvrir les lieux d’où vous êtes venu. Vous êtes sorti d’entre les nuages, et ces nuages voilaient un lieu caché à tout le monde. Ce qu’il y a d’assuré, c’est que les rois qui nous ont précédés ont dit que vous reviendriez régner sur vos royaumes, et vous asseoir sur votre trône, sur votre siége sacerdotal ; et maintenant je vois la vérité de ce qu’ils m’ont dit. Soyez donc le bien-venu ; vous aurez bien souffert par de si longs chemins, délassez-vous maintenant. Voici votre maison et voici vos palais ; prenez-les, reposez-vous-y avec vos capitaines et vos compagnons. » Montezuma acheva de prononcer son discours, et Marina le traduisit à don Hernando Cortès. Quand celui-ci eut compris ce que lui avait dit l’empereur, il répondit à Marina : « Dites à Montezuma qu’il se console, et qu’il n’ait point de crainte ; je l’aime beaucoup, ainsi que ceux qui viennent avec moi ; il ne