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HISTOIRE.

Odyssée, Gouras, Karaïskaki et une foule d’autres. Gouras se vantait hautement d’avoir été envoyé par Ali-Pacha à Athènes pour y assassiner un homme. Il montrait avec complaisance la place où il l’avait étendu mort d’un coup de pistolet tiré par derrière. Il se glorifiait surtout de l’adresse avec laquelle il avait attiré un malheureux dans le piége, en commençant par manger avec lui, jusqu’à ce qu’ayant gagné sa confiance, il se fût bien assuré qu’il n’était pas sur ses gardes. Aujourd’hui même, on trouve à chaque pas des Grecs au service des Turcs ; le parti qui paie est celui qu’ils préfèrent, et il n’a pas été rare de les voir en changer plusieurs fois dans cette guerre, où il est cependant question de leur indépendance. Ils l’avouent d’ailleurs avec beaucoup de franchise, et disent ouvertement qu’ils ne sont pas d’humeur à servir gratis ; qu’ils resteront avec tel parti tant qu’il paiera, et qu’ensuite ils passeront à l’autre. Ces confidences, ils les ont faites nombre de fois à plusieurs de nos officiers qui les ont visités, et leur conduite y a été conforme. Je pourrais citer une foule de circonstances où ces Grecs ont trahi la cause de leur patrie. C’est ainsi qu’à la journée de Peta, Vasso abandonna, par trahison, le corps des malheureux et imprudens Philhellènes, qui périt en entier. Dans le siége de Missolonghi, le fameux suliote Tzavellas vendait aux Turcs l’approvisionnement de la place, que les comités philhelléniques avaient envoyé aux assiégés, et sans cette ressource les Turcs auraient été dans l’impossibilité de continuer le siége. Je tiens ce