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MÉLANGES.

jusqu’à Pékin. Plus tard cependant de nouvelles mésintelligences s’élevèrent, et les Chinois défendirent aux Russes de mettre le pied sur leur territoire. Ce ne fut qu’en 1727, que ces difficultés s’aplanirent : la frontière fut fixée définitivement, et il fut permis aux Russes d’envoyer tous les trois ans, une caravane à Pékin. Un entrepôt fut en même temps établi à Kiachta.

Lors de la cession, de la part de la Russie, des provinces de l’Amur, un assez grand nombre de Cosaques faits prisonniers par les Chinois préférèrent rester en Chine plutôt que de retourner dans leur patrie. Ils furent tous transférés à Pékin, où on leur permit de s’établir dans un des faubourgs de cette capitale. L’empereur, pour leur témoigner sa bienveillance, en choisit un certain nombre pour en former une compagnie de ses gardes, qui existe encore aujourd’hui sous le nom de compagnie russe. Quoique ces Cosaques eussent montré peu d’affection pour leur patrie, la cour de Russie n’en insista pas moins sur la fondation d’une église du rite grec à Pékin, qui serait desservie par un clergé russe. Le gouvernement chinois voulut bien s’y prêter, et depuis cette époque les Russes ont à Pékin un établissement de leur culte, dans lequel plusieurs jeunes Chinois et Mantschoux font leur éducation et se préparent à servir d’interprètes. Cet établissement est dirigé par un archimandrite, et le dernier, Hyacinthe Bitchourinski, nous a donné une description de Pékin.

Le peu de succès des caravanes qu’on envoyait à Pékin détermina l’impératrice Catherine ii à y renoncer entièrement, et depuis lors le commerce de Kiachta a repris une nouvelle vie. Les transports de marchandises y arrivent au mois de février. La majeure partie du thé est expédiée à Nijni-Nowgorod sur le Wolga. L’arrivée de cette marchandise dépend de l’époque de la débâcle des rivières de la Sibérie. On charge d’abord le thé à Kiachta sur des traîneaux, à un cheval pour aller jusqu’à Tomsk. Il y