Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/139

Cette page a été validée par deux contributeurs.
131
LES FRANÇAIS EN ÉGYPTE.

batterie sur des bateaux et des retranchemens sur le rivage, garnis de grosse artillerie. Ils croyaient que les Français, ne pouvant les vaincre par terre, viendraient les attaquer par mer, et cette chaîne devait les arrêter jusqu’à l’arrivée du secours ; mais les choses tournèrent d’une manière tout-à-fait différente. Les Français, après la prise d’Alexandrie, s’avancent directement par terre sur la rive occidentale. Murad-bey, à sa sortie du Caire, laisse la ville dans le plus grand désordre. L’épouvante est à son comble, les boutiques sont fermées, les voleurs infestent la ville, et, le soleil couché, personne n’ose sortir de sa maison. Le gouverneur et l’aga ordonnent d’ouvrir les cafés et les boutiques pendant la nuit, et de mettre à la porte de chaque maison une grande lanterne pour deux motifs : 1o pour dissiper la terreur et faire reprendre le commerce ; 2o pour arrêter les voleurs.

« Le lundi, trois jours après le départ de Murad-bey, on apprit que les Français étaient à Démenhous et à Réchid (Rosette). Le chef de ces villes sortit au devant d’eux avec quelques troupes et ne put résister à l’ennemi. Ceux qui demandèrent quartier furent sauvés et restèrent tranquilles dans le pays ; le reste des habitans s’enfuit à Fouat et dans les environs.

« Les Français à leur arrivée à Alexandrie avaient fait imprimer une proclamation et l’avaient fait répandre dans le pays qui était devant eux, pour rassurer le peuple. Des musulmans qui avaient été prisonniers des Maltais et délivrés par les Français, en apportèrent une copie à Boulaq. Il y avait aussi