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simonide de céos

ses très librement à travers les divisions du rythme. Il semble aussi que la strophe fût d’ampleur moyenne, moins longue que ne l’est habituellement celle de Pindare. Mais déjà sur ce point nous ne pouvons plus être très affirmatifs. — Quant à la musique dont ses chants étaient accompagnés, tout ce qu’on en peut dire, c’est que la cithare et la flûte, réconciliées depuis longtemps, sont mentionnées toutes deux avec honneur dans ses vers[1]. Il n’est d’ailleurs presque jamais parlé par les anciens de la musique de Simonide ; d’où l’on peut conclure qu’elle avait moins d’originalité que sa poésie.

Le souvenir de Simonide resta très vivant dans Athènes. Aristophane le cite souvent. Platon et Xénophon l’expliquent, le combattent, le mettent en scène. Cela peut tenir en partie à ce que nombre d’années de la vie du poète s’étaient passées en Attique, et à ce qu’il avait glorifié dans ses odes et ses épigrammes les hauts faits des Athéniens. Mais la principale raison de cette gloire était plus profonde : Simonide, avec sa bonne grâce ionienne, sa science de la vie, sa netteté élégante, est presque un Athénien ; son art souple et pénétrant devait plaire aux contemporains d’Euripide et d’Aristophane.

Alfred Croiset.

  1. Fragm. 20 ; fragm. 46.