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donne, en principe, sa préférence au second. Il reste donc, selon M. Couturat, que chacun doit prendre individuellement le ferme propos de réformer sa logique, mais qu’une réforme internationale est impossible. Les langues nationales diffèrent surtout pour les mots dont l’usage est courant. On comparera, si l’on veut, les langues entre elles. On constatera les différences qui les séparent. Essaiera-t-on ensuite d’établit une coïncidence ? Il restera toujours les associations nées de l’usage vulgaire. Si l’on veut instituer une terminologie philosophique et scientifique vraiment internationale, il faut créer une langue universelle et artificielle. Le besoin s’en fait sentir de plus en plus vivement, non pas seulement dans la philosophie et les sciences, mais encore dans toutes les relations internationales et dans tous les congrès comme celui-ci. Mais un tel projet aurait besoin d’être sanctionné par une autorité compétente et internationale. Or nous venons d’assister à la réalisation d’un rêve de Leibniz, à l’organisation d’une association internationale des Académies. C’est à un corps constitué comme celui-là qu’il appartiendrait d’instituer une langue internationale. C’est en ce sens qu’il conviendrait d’émettre un vœu, analogue et parallèle à ceux qu’ont déjà émis d’autres congrès ou sociétés savantes, et par exemple celui-ci :

« Le Congrès émet le vœu qu’il soit institué une langue scientifique internationale et artificielle. »

M. Lalande propose alors que le Congrès nomme un délégué, pour le représenter dans le Comité qui s’occupera du travail en question. Il pense que M. Couturat a tort de compter, pour réaliser un projet de cet ordre, sur la fédération des Académies : les corps officiels fonctionnent trop lentement. Dès maintenant, par voie d’initiative privée, on peut instituer un travail de comparaison des différents vocabulaires philosophiques. C’est revenir en somme au projet de M. Ivanovski, qui prend de nouveau la parole pour préciser sa pensée sur quelques points, suivi par M. Hémon, qui propose que chacun des vocabulaires nationaux indique, à côté du sens du mot déterminé par le contexte de l’ouvrage, le sens courant. M. Couturat enfin se déclare disposé à adopter le projet de M. Lalande comme préparatoire à la création d’une langue universelle : il marque en quoi le projet de M. Ivanovski diffère, selon lui, du projet de M. Lalande, celui de M. Lalande étant normatif, tandis que celui de M. Ivanovski se borne à être descriptif, historique, ethnographique.