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esprit salutaire de critique et de comparaison. On a dit justement que la pensée des Grecs qui ne savaient que leur langue maternelle, fut souvent, en dépit de leur génie, esclave des formes de leur langue, de certaines manières invétérées et contingentes de classifier les choses, de former les notions.

4° Les inconvénients qui résultent, pour la terminologie philosophique, de la diversité des langues ne sont pas les plus sérieux. Plus graves sont ceux qui proviennent de la divergence des théories philosophiques : il n’est pas rare de voir des discussions provenir de ce que les savants, ayant des convictions philosophiques diverses, comprennent un même terme en deux sens différents. Une terminologie commune ne pourra pas se constituer, tant qu’il n’y aura pas une théorie commune à tous les penseurs.

5° Aucune langue commune à tous les philosophes n’étant malheureusement possible actuellement, il faut se contenter, pour remédier au chaos actuel de la terminologie, de recourir à des moyens indirects. a) Il faut obéir à toutes les prescriptions de la logique appliquées en matière de terminologie. Par exemple, il ne faut introduire de nouveaux termes que quand on en éprouve un sérieux et réel besoin : règle qui correspond au célèbre principe des nominalistes : entia (y compris les entia rationis) non sunt multiplicanda praeter necessitatem. Puis il faut employer ces termes dans les significations toujours les plus répandues et plus acceptées, et toujours en un sens précis et constant. Enfin il vaut mieux employer des termes déjà existants, en les déterminant soigneusement, que de créer de nouveaux termes, qui finissent par obstruer les canaux de la vie intellectuelle. b) Il serait très utile (et surtout en vue de l’enseignement supérieur en philosophie) d’élaborer des tableaux synoptiques contenant les principaux termes philosophiques des principales langues vivantes, placés les uns à côté des autres, et suivis de définitions courtes mais précises. Chacun peut dresser, pour les langues qu’il connaît, des tableaux de ce genre : de leur juxtaposition résulterait une liste comparative des termes employés dans les langues principales. Il faut séparer les termes les plus usités en un sens quelconque d’avec les termes moins usités, énumérer les synonymes, étudier les variations de sens d’un même terme suivant les différentes écoles existantes dans le pays. La Société psychologique de Moscou s’occupe de cette tâche. M. Ivanovski émet le vœu qu’au second Congrès de philosophie, il nous soit