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M. Ivanovski, professeur à l’Université de Moscou, se bornera à lire les thèses fondamentales de son mémoire.

1° La terminologie dans les sciences philosophiques provient dans une grande mesure des racines grecques et latines appropriées par toutes les nations civilisées : c’est l’élément de similarité dans cette terminologie, du moins quant au son des mots, parce que souvent diverses nations et diverses écoles de philosophie attribuent au même terme des significations diverses.

2° La diversité de la terminologie philosophique se ramène à deux causes : a) les diverses nations n’emploient pas une langue commune, comme la langue latine en chimie ou en histoire latine : chacune a sa langue propre ; b) les différentes écoles de penseurs construisent différemment la réalité, elles partent de points de vue divers, emploient divers critériums de l’évidence. D’où il résulte qu’elles emploient, d’une part, des termes différents pour désigner les mêmes choses, et, d’autre part, emploient les mêmes termes pour désigner des choses différentes.

3° Le fait que les savants de nationalités différentes appliquent leurs langues maternelles aux matières philosophiques, est dû, en premier lieu, à ce que les matériaux des sciences philosophiques proviennent des données de l’expérience quotidienne : tels sont les phénomènes principaux de la vie consciente. Il va de soi que de tels termes ont toujours des racines indigènes. Ces racines viennent de l’antiquité, sont invétérées dans les langues, et ne peuvent être remplacées par une nouvelle langue scientifique quelconque. Si les racines des principales notions philosophiques sont semblables dans les langues d’origine latine (française, italienne) et dans la langue anglaise (où presque tous les termes qui concernent la vie intellectuelle sont d’origine latine), elles sont tout à fait différentes dans les langues allemande et russe, dont la première est cultivée depuis la traduction de la Bible par Luther au xvie siècle, et la seconde depuis le xe siècle, où la Bible commença à être lue dans la langue que tout le monde comprenait. — En second lieu, cette tendance à employer la langue maternelle dans les sciences s’est accrue, au cours de ce siècle, avec le développement des sentiments nationaux. Ce qui rend, semble-t-il, impossible, au moins pour quelque temps, l’introduction d’une langue philosophique commune à toutes les nations. D’ailleurs cette diversité même des langues employées par les philosophes peut contribuer à introduire en philosophie un