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du secours de l’imagination, mais comment ce qui n’est pas indispensable peut-il être essentiel ? Je ne présente, du reste, ces observations bien connues que pour mémoire.

M. Goblot, peut-être, se rabattrait sur les symboles. Il dirait : Vous ne tracez plus de lignes, mais vous alignez des noms et des lettres. Mais entre un exemple et un symbole la différence est grande. Les symboles me semblent avoir encore moins de titre que les exemples à être incorporés dans la substance de la démonstration. Toute construction de symboles qui joue un rôle dans une démonstration n’est-elle pas l’expression d’une proposition (en algèbre, d’une égalité ou d’une inégalité) ? Toute transformation de cette expression est donc une transformation de la proposition exprimée. Les règles de la transformation des symboles concernent donc directement, qu’on le veuille ou non, les propositions exprimées. On ne peut correctement parler pêle-mêle des choses et de leurs signes. Cette définition, que H. Poincaré cite comme un exemple de la haute sagesse que l’initié seul peut comprendre : « Une fraction est l’ensemble de deux nombres séparés par un trait horizontal », est inacceptable. La relation des symboles aux choses est une relation rigide qui n’admet ni confusion ni relâchement. On ne peut mélanger les concepts et les traits de plume, me semble-t-il.

Telles sont les raisons qui me retiennent d’être convaincu par la théorie si intéressante de M. Goblot.

La théorie de l’induction n’est pas aussi révolutionnaire. Laissant de côté le détail, elle me semble apporter quelques contributions très utiles. Ce passage, par exemple, me paraît important et juste : « La possibilité de ces croyances (au libre arbitre) témoigne en tout cas que le principe fondamental du raisonnement inductif (et par là M. Goblot entend le déterminisme) n’est pas une vérité évidente par elle-même, et qu’il faut rejeter toute doctrine d’après laquelle il serait inhérent à notre faculté de penser « (p. 315).

M. Goblot reconnaît que le principe de causalité est d’une application trop étroite pour être le principe de l’induction. Car le principe de l’induction doit « s’étendre aux liaisons qui ne sont pas des successions, puisqu’elles aussi sont objets de raisonnements inductifs » (p. 316).

Oserai-je dire que le point sur lequel M. Goblot ne me convainc pas est celui sur lequel il s’accorde avec la plupart des auteurs ? Je veux dire l’assertion que l’induction présuppose le déterminisme.