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ÉTUDES CRITIQUES


LE TRAITÉ DE LOGIQUE DE GOBLOT



La logique formelle a été renouvelée. Les réflexions des savants sur la science ont posé les fondements d’une théorie de l’induction à la fois plus détaillée et plus vaste. Pour bien voir où en sont les choses, un traité de logique philosophique serait aujourd’hui d’un intérêt particulier. Le livre de M. Goblot est trop original pour qu’il s’en dégage une vue d’ensemble sur les travaux du temps. Il ne faut pas le regretter. L’ouvrage est lui-même une contribution au mouvement, et il est animé de cette vie qui marque la réflexion personnelle profonde.

Les aperçus frappants abondent, et je voudrais signaler tous les points de philosophie et de morale que l’auteur éclaire en passant. Mais il faut bien se limiter, et je vais examiner seulement les grands traits de sa théorie logique.

Le problème logique, dit M. Goblot, est un des problèmes de la psychologie. La psychologie s’occupe des causes des pensées, la logique ne connaît que leurs raisons. Mais les raisons d’un jugement sont certaines de ses causes possibles. « Si nous retranchons des causes déterminantes d’un jugement toutes celles qui ne sont pas intellectuelles, celles qui restent ne diffèrent plus de ce qu’on nomme une raison. Dire qu’un jugement est complètement et entièrement déterminé par d’autres jugements, c’est dire qu’il en est la conséquence » (p. 22). « Les lois logiques ne sont que les lois naturelles d’une intelligence pure » (p. 23), et voilà une grande dualité de moins. Mais cette vue suppose qu’une conséquence fausse a nécessairement sa cause hors de l’intelligence. On ne peut définir la conséquence vraie par l’intelligence pure que si l’on est sûr de ne pas