Page:Revue de métaphysique et de morale - 18.djvu/921

Cette page n’a pas encore été corrigée

moins qu’une idée sous laquelle il lui paraissait impossible de mettre un fait. En réalité, il ne méprisait nullement l'unité logique, mais il la plaçait devant l'œil de l'esprit, et non derrière. Nous ne savons pas a priori, pensait-il, si elle existe dans les choses, mais nous cherchons à l’y voir et à l’y mettre. L’événement seul montrera dans quelle mesure l’univers la réalise ou la peut réaliser. D’ailleurs il est bien difficile de savoir si ce qui apparaît comme contradictoire quand on est placé à un certain point de vue le demeurerait pour qui saurait se placer à un point de vue supérieur. Il semble contradictoire que l’esprit agisse sur la matière et la matière sur l’esprit : cette vue pourtant répond fidèlement à notre expérience première. Et il convient de l’admettre provisoirement. Peut-être une expérience plus profonde atténuera-t-elle, dissoudra-t-elle même cette contradiction.

La philosophie de James est essentiellement ouverte. Il va devant lui, avec l’expérience pour unique guide. Le résultat de son investigation est fort remarquable.

Il part de la science, comme si elle était, à elle seule, tout le savoir. Et le développement même de la science ramène, à ses yeux, un genre de spéculation qui d’abord paraissait exclu : la Métaphysique. La psychologie est l’intermédiaire. De là une conception originale des rapports de la métaphysique et de la science. La métaphysique ne saurait se passer de la science : elle en vit. Mais la science ne saurait abolir ni absorber la métaphysique : celle-ci a, en face de la science, son principe et sa réalité propre, comme le vivant en face des substances dont il se nourrit. Individualité respective et solidarité tout ensemble : tel est, de part est d’autre, en des sens divers, le rapport de la science et de la métaphysique.

L’idée essentielle de la métaphysique de James et l'identification de la réalité avec l’expérience la plus profonde et la plus directe, à savoir avec la vie la plus intime de la conscience. Cette vie est action, et cette action est une relation de conscience à conscience.

Die Geisterwelt ist nicht verschlossen., Dein Sinn ist zu, dein Herz ist tot :

Cette doctrine swedenborgienne circule à travers l’œuvre de James. Le problème métaphysique est celui des relations. La cécité dont nous sommes affligés en ce monde à l’égard de la personnalité intérieure des autres êtres n’est pas incurable. Il y a des relations autres