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pensée, est le canal par où elle se transmet d'un monde spirituel dans notre monde matériel. Rien, d’ailleurs, ne s’oppose à ce que, dans ce monde spirituel lui-même, notre individualité ait son fondement propre, si bien que, le cerveau étant dissous, cette individualité spirituelle ne serait pas atteinte, mais subsisterait, avec les modifications qu’elle aurait pu recevoir de son existence terrestre. La physiologie ne peut prouver ces choses, mais elle ne peut les contredire. Sa seule parole, en ces matières, est l'Ignorabimus de Dubois-Reymond. En revanche, un grand nombre de faits d’expérience psychologique, tels qu’en tout temps on en a remarqué, notamment ceux qu’a exposés, avec l’exactitude du savant, Frédéric Myers, dans ses articles des Proceedings of the Society for Psychical Research, tendent à montrer que notre vie psychique est effectivement susceptible de déborder la capacité de notre cerveau, et que, dans certains cas au moins, cet organe n’est, en effet, qu’un organe transmetteur, et non un organe producteur. C’est ainsi que certains phénomènes de conversion religieuse, de direction providentielle en réponse à une prière, de guérison instantanée, de prémonition, d’apparition au moment de la mort, de vision ou d’impression clairvoyante, de puissance médiumistique, inexplicables par les propriétés intrinsèques du cerveau, deviennent intelligibles, si le cerveau est un organe de communication entre notre monde et un autre monde. Si donc l’immortalité de l’individu humain ne peut être considérée comme démontrée, il faut reconnaître que, pour un homme qui ne croit qu’à l’expérience, la principale objection qu’on y oppose n’est pas valable.

Le célèbre ouvrage sur les Variétés de l’expérience religieuse (1902) nous montre James se risquant, dans un Appendice, sur la foi de sa plus intime et profonde expérience, à couronner ses croyances proprement scientifiques par des surcroyances d’un caractère religieux et métaphysique. Telles, la croyance à la réalité de l’être puissant et bon que les religions appellent Dieu, la croyance à un rapport spirituel entre cet être et nous ; la croyance même à l’action directe de cet être et des puissances spirituelles en général sur l’ensemble et sur les détails des phénomènes de notre univers.

L’avant-dernier ouvrage publié par William James, A Pluralistic Universe, 1909, traite de l’Idéalisme moniste, de Hegel, du panthéisme empiriste de Fechner, du rapport de l’un et du multiple selon Bergson, de la continuité de l’expérience, de Dieu comme