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mentale, mais s’y adapter. La psychologie commence et même se développe avec ampleur en tant que pure science naturelle. Mais une heure vient où, sous peine d’être ballottée entre le dogmatisme et le scepticisme, elle doit, de physique, se faire métaphysique. Le Galilée ou le Lavoisier de la psychologie, l’homme qui en dévoilera le principe fondamental, s'il doit apparaître un jour, sera un métaphysicien. Mais l’expérience, seule source réelle de notre connaissance, peut- elle susciter une telle évolution ?

Le savant qui n’a pratiqué d’autre forme d’expérience que l’expérience physique s’imagine aisément que cette forme est la seule possible. Mais le psychologue qui, sans s’embarrasser, a priori de recherches sur les conditions de la connaissance, résout par le fait, comme Diogène, le problème de la possibilité, et pratique, d’emblée, l’expérience psychologique, s’aperçoit, s’il vient à réfléchir sur cette expérience, qu’elle n'est pas moins réelle que l’expérience physique, qu’elle y est liée naturellement et qu’en même temps elle y est irréductible. Il y a donc, certainement, deux sortes d’expériences : pourquoi n’y en aurait-il pas trois ? La seconde épuise-t-elle la réalité ?

 travers l’infinie variété de contenus que peut offrir la conscience de l’homme, il en est un qui apparaît comme particulièrement paradoxal : c’est ce qu’on appelle l’altération de la personnalité. Comment la conscience, dont le trait distinctif est l’unité et la continuité, peut-elle se subdiviser en plusieurs moi plus ou moins hétérogènes, simultanés, successifs ou alternatifs ? Prétendre s’en tenir, quoi qu’on observe, à la claire et commode doctrine d’une conscience personnelle circonscrite et fermée, ce serait se condamner à considérer les altérations de la personnalité comme des apparences purement illusoires. L’évidence des faits a, sur ce point, été plus forte que les définitions ; et la psychologie s’est résignée à admettre, au-delà du moi nettement conscient de lui-même, une masse plus ou moins considérable d’éléments psychiques susceptibles, soit de graviter autour de ce moi, soit de s’organiser eux-mêmes, dans une certaine mesure, en consciences plus ou moins distinctes de la conscience première. Or, tant qu’il ne s’agit que de certains phénomènes où la personnalité apparaît surtout comme diminuée et