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cérébraux. Ces enseignements ne sauraient être infirmés par les données propres à la conscience. La psychologie pourra donc, jusqu'à un certain point, rendre raison des phénomènes, en partant de la supposition d’une corrélation constante entre les états cérébraux et les états psychiques. Et rien ne lui interdira, s’il lui est plus commode, d’appeler parfois à son aide l’associationnisme, qui, précisément, a été construit en vue d’établir une symétrie entre le psychique et le physique. Mais il importe de remarquer que, si la psychologie, telle que l’entend William James, reprend ainsi, en maint endroit, telle méthode que tout d’abord elle semblait proscrire, c’est en en modifiant la signification conformément à ses données propres. Le parallélisme psycho-physique n’est plus, pour la psychologie de la conscience totale, un principe, mais une hypothèse, une représentation partielle et artificielle de la nature des choses, dont, précisément, on mesurera la valeur en essayant de s’en servir comme de méthode d’explication. L’esprit humain ne pense, ne perçoit même qu’au moyen d’hypothèses : ses affirmations signifient que tels instruments qu’il s’est forgés, tels cadres qu’il s’est construits, en tels ou tels cas lui ont rendu service pour saisir la réalité. Et le postulat dont il s’agit ici prend, en fait, dans une psychologie concrète et vivante comme celle de James, une signification nouvelle. Car l’expérience ne nous montre pas seulement l’action du physique sur le moral : elle nous montre également l’action du moral sur le physique ; et ainsi l’état cérébral qui conditionne un état psychique peut fort bien n’être pas purement mécanique dans son origine. Notre séparation du mécanique et du conscient n’existe pas dans la nature. Considérez le réflexe psychique doué de spontanéité, et le réflexe pur et simple, qui semble tout mécanique. Entre l’un et l’autre la nature nous offre des transitions insensibles. Et il est très vraisemblable qu’à l’origine tous les centres nerveux sans exception répondaient de manière intelligente aux excitations, mais que, par suite d’une évolution, les centres nerveux se sont différenciés, les uns s’élevant au-dessus, les autres tombant au-dessous de la manière d’être primitive.

Si donc la psychologie est une fois en pleine possession de son principe, de son point de vue, de sa méthode, elle peut sans crainte faire appel aux données et aux postulats des autres sciences, d’autant que dans la réalité les choses ne sont pas séparées, et que le psychique, en fait, plonge dans le physique. Les principes des autres sciences, se transfigureront en entrant dans la sphère de la recherche psycho-