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l'organisme. Les plus affreuses souffrances, l’appel impatient de la mort ne lui arrachèrent pas une plainte, une parole ou un mouvement de découragement. Il fut jusqu'au bout l’homme de pensée, de foi et d’énergie, qui n’admet pas que notre courte sagesse impose une borne au possible, et qui croit qu’il dépend de nous de contribuer, par notre effort personnel, à la conservation et à l’accroissement des forces morales et spirituelles dans l’univers.

II

Le point de départ des recherches philosophiques de Wiliam James se trouve dans ses études d’anatomie et de physiologie. Par profession comme par doctrine, il conduit ces études d’après une méthode strictement expérimentale. Or c’est précisément cette préoccupation de prendre l’expérience pour unique guide, qui amena William James à franchir les limites de la physiologie, pour s’engager dans le domaine des recherches psychologiques, où il devait s’illustrer.

Étudiant en physiologiste les actes accomplis par les êtres vivants, il remarqua que certains de ces actes s’expliquent, d’une façon satisfaisante, en tant que réactions nerveuses, automatiques et mécaniques, répondant aux excitations venues de l’extérieur. Ces actes, en effet, sont uniformes pour des excitations semblables. Mais certains actes se rencontrent chez les vivants, qui diffèrent grandement de ceux-ci. Ils tendent bien, comme eux, d’une manière générale, à la conservation de l’individu ; mais, pour une même excitation, ils sont divers et imprévisibles. Une grenouille à qui on a enlevé les centres supérieurs réagit à la manière d’une machine. Mais celle qui possède ces centres réagit d’une façon spontanée.

Dois-je supposer que cette spontanéité n’est qu’apparente, et qu’en réalité le réflexe n’est pas moins mécanique dans le second cas que dans le premier ? Une telle interprétation serait très arbitraire ; car je ne sais même pas au juste si le plus humble réflexe, avec sa propriété de tendre à la conservation de l’animal, est proprement mécanique. Et pourquoi tous les réflexes se ramèneraient-ils à ce réflexe inférieur ? Mais, tandis que je ne puis expliquer le réflexe supérieur par l’inférieur qu’à l’aide d’une hypothèse métaphysique injustifiable, je rencontre, dans l’expérience elle-