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une seule et même forme. On doit admettre que dans tous les mondes, sans exception, il y a des animaux, des plantes et tous les autres êtres que nous observons, car personne ne saurait démontrer que tel monde est susceptible également de renfermer et de ne pas renfermer les germes des animaux, des plantes et des autres êtres que nous observons ; et, d’autre part, que tel autre monde est absolument incapable de renfermer de pareils germes.

(75) On doit croire que la nature humaine apprend beaucoup au contact des choses, et se développe sous la pression des nécessités qu’elles lui imposent ; qu’ensuite le raisonnement perfectionne les dons de la nature et les complète par de nouvelles découvertes, plus vite dans certains cas, plus lentement dans d’autres ; que, dans certaines périodes de temps la nature humaine fait de plus grands progrès et dans d’autres des progrès moindres. Il résulte de cette doctrine que les noms ne se sont pas trouvés établis au début par institution et convention, mais que la nature humaine elle-même, au sein de chaque nation, éprouvant des affections particulières et recevant des images particulières, a fait sortir l’air des gosiers, d’une façon appropriée, selon qu’il était poussé au-dehors par chacune des affections et des images, ces façons d’émettre la voix étant aussi différentes que les diverses régions où se trouvent les nations. (76) Dans la suite seulement, chaque nation a institué pour l’usage commun de ses membres les particularités de son langage propre, afin que ceux-ci puissent se désigner mutuellement les choses avec moins d’ambiguïté et plus de brièveté. Enfin, ceux qui introduisaient dans la communauté certaines choses qu’elle ne connaissait pas, se trouvant forcés d’en parler, fournissaient, eux qui connaissaient ces choses, des sons pour les désigner, et l’esprit des auditeurs s’assimilant ces sons par le raisonnement, en les associant à la cause observable qui en provoquait d’ordinaire l’émission chez les locuteurs, arrivait ainsi à interpréter ces mots nouveaux.

Il ne faut pas croire que les phénomènes célestes, les mouvements, les changements de direction, les solstices, les éclipses, les levers, les couchers et toutes les autres choses du même genre se produisent sous le gouvernement d’un être qui les règle ou doive intervenir un jour, s’il le faut, pour les régler, et à qui on attribue en même temps la béatitude et l’immortalité. (77) Car les occupations, les soucis, les colères, les faveurs