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ayant par elles-mêmes rang de substances, mais il faut les prendre tels que la sensation elle-même les saisit et les pose.

(72) À cette doctrine sur les accidents, il faut joindre, en la saisissant fermement, la conception suivante du temps. Il ne faut pas examiner le temps de la même manière que les autres choses, c’est-à-dire en nous reportant aux prénotions que ces choses ont laissées en nous ; car le temps n’est pas donné dans les êtres. Il faut prendre comme point de départ le fait évident qui nous conduit à affirmer que le temps est long ou court, en lui appliquant ce qualificatif par analogie. Il ne faut pas donner au temps, à la place des noms qui servent ordinairement à le désigner, d’autres noms qu’on croit préférables, mais il faut le désigner par les noms établis. Il ne faut pas non plus lui attribuer une nature étrangère à la sienne, et la présenter comme identique à son essence véritable : car c’est là un défaut dans lequel on tombe quelquefois ; mais seulement réfléchir fortement aux perceptions élémentaires, à l’aide desquelles nous constituons cette essence dans ce qu’elle a de propre, et dont nous partons pour mesurer le temps. (73) Il n’y a pas en effet à démontrer, et l’on saisit par une simple réflexion, que nous composons le temps avec les jours et les nuits, avec nos affections et nos états d’impassibilité, avec les mouvements et les repos, concevant en tout cela un certain accident commun d’un caractère spécial, que nous nommons le temps.

Il faut admettre que le monde, et en général tout agrégat limité, se forment, par analogie avec ce que nous observons journellement, aux dépens de l’infini, tous ces mondes et tous ces agrégats limités se différenciant au sein des tourbillons grands ou petits et diversement constitués d’où ils proviennent. Puis, par une marche inverse, ils se dissolvent tous, les uns plus vite, les autres plus lentement ; les uns sous l’action de telles causes, les autres sous celle de telles autres causes. (74) Il ne faut pas croire que les mondes aient nécessairement