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DISCUSSIONS


À PROPOS DE LA LOGISTIQUE


Je me contenterai pour le moment de quelques observations sommaires en réponse à l’article de M. B. Russell. En effet, M. Russell n’expose sa nouvelle théorie (qu’il appelle pas de classes) que d’une façon tout à fait succincte et il a évidemment l’intention de la développer ailleurs. Il vaut mieux attendre la publication de ce développement pour se faire une opinion sur la nouvelle théorie. D’autre part, M. Zermelo va prochainement publier une étude complète sur le même sujet. J’attendrai également, pour répondre définitivement à M. Russell, que j’aie lu le travail de M. Zermelo, car la comparaison des deux théories ne peut être qu’instructive.

Je constate d’abord avec plaisir que nous avons fait l’un et l’autre un pas vers un accord. Qu’on relise, dans l’article de M. Russell les pages 630 et 631.

La Logistique n’est plus qu’une auxiliaire de l’intuition. Elle a même besoin de l’intuition, non seulement à ses débuts, mais à chaque pas ; non seulement pour lui demander des principes nouveaux, mais comme un incessant contrôle, de même qu’une théorie de physique mathématique n’a de valeur que quand elle a été confirmée par l’expérience. Si les logisticiens appliquent leurs règles aveuglément, c’est pour mieux démontrer qu’elles sont fausses, et en cela ils n’ont pas fait une œuvre inutile.

Nous voilà loin des huit notions et des vingt propositions qui renfermaient toute la pensée humaine ou du moins toute la pensée mathématique. Nous voilà loin de l’Exegi monumentum aere perennius de M. Couturat (inutile de rappeler aux lecteurs de cette revue que c’est de M. Russell que M. Couturat parlait ainsi). Loin du Centenaire de la mort de Kant. Je trouverais même plutôt que M. Russell va un peu trop loin.