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fait penser à l’aspect de cet oiseau sans rien emprunter aux caractères distinctifs de son plumage. Tel mouvement de tête, non concerté, mais constant, s’associe à l’affirmation, tel autre à la négation. La chose qui représente est alors par concomitance constante un signe ou symbole de la chose représentée. L’efficacité de ce signe, tout comme celle du signe conventionnel, requiert que la chose signifiée ait été préalablement perçue. Qui n’aurait jamais vu un paon au moment où il crie ne serait évidemment pas en mesure d’attribuer ce cri pour signalement à cet oiseau plutôt qu’à tel autre animal, et qui n’aurait jamais pu constater par le langage ou les actes d’aucun homme que tel ou tel mouvement de la tête accompagne l’intention d’affirmer ou de nier n’aurait aucune raison de considérer l’un ou l’autre mouvement comme signe de telle intention plutôt que de telle autre.

Enfin l’on dit qu’une chose en représente une autre quand elle en est le similaire ; la première alors représente la seconde par tout ce ce qu’elle a de commun avec ce qui caractérise celle-ci. La chose représentative, dans ce troisième cas, n’est pas à proprement parler un signe, c’est un exemplaire, mais un exemplaire incomplet et seulement impliqué dans la chose représentée.

Avant d’aller plus loin, j’introduis ici la définition du rapport, mol dont j’aurai à faire plusieurs fois usage. Il y a relation ou rapport entre deux choses quand chacune d’elles participe de ou à une troisième qui leur est commune. Trois données concourent donc à la formation de tout rapport. Les deux premières sont habituellement appelées les termes du rapport ; ce nom convient également à la troisième qu’on pourrait appeler le commun terme ou le moyen-terme du rapport.

Je recommande à l’attention du lecteur cette définition du rapport. On n’est pas accoutumé à le considérer comme composé de trois facteurs ; il importe à cette étude que le moyen terme soit signalé.

Je reviens à mon analyse. La représentation d’un homme, par exemple, au moyen du crayon ou du pinceau sur un plan ne reproduit jamais intégralement le modèle. Selon la vision de l’artiste le dessin altère les rapports de position que la perspective impose aux rapports linéaires et les dimensions peuvent être toutes proportionnellement réduites ; le tempérament du peintre altère la reproduction des couleurs. Néanmoins il existe entre l’homme qui a posé et la copie quelque chose de commun qui constitue la ressemblance ; la copie est un similaire du modèle.