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revue de métaphysique et de morale.

3o Thèse : La causalité selon les lois de la nature n’est pas la seule dont puissent être dérivés tous les phénomènes du monde. Il est encore nécessaire d’admettre une causalité libre pour l’explication de ces phénomènes.

Antithèse : Il n’y a pas de liberté, mais, tout arrive dans le monde uniquement selon des lois de la nature.

4o Thèse : Le monde implique quelque chose qui, soit comme sa partie, soit comme sa cause, est un être absolument nécessaire.

Antithèse : Il n’existe nulle part aucun être absolument nécessaire, dans le monde, ni hors du monde, comme en étant la cause.

C’est ce que Kant appelle les conflits des idées transcendentales.

Il soumet à la critique chaque terme de chacune de ces antinomies ; il démontre toutes ces propositions avec une égale rigueur. Je ne reproduirai pas ici les preuves qu’il en donne ; le lecteur les connaît ou peut aisément se procurer l’ouvrage où elles sont développées.

V

L’activité n’est pas essentiellement le mouvement. L’effort musculaire, par exemple, quand il rencontre un obstacle invincible, croit sans déterminer un déplacement de son point d’application. Dans une graine qui n’est pas semée il existe au repos un principe actif capable d’exercer sur les molécules du sol des impulsions dirigées de manière à réaliser un type prédéterminé de structure. Ces deux sortes d’activité mécanique sont à l’état dit potentiel. C’est une donnée métaphysique. Or comment une direction, chose dont l’idée, en mécanique, implique celle du déplacement, peut-elle être prédéterminée dans une force au repos, chose dont l’idée exclut le déplacement ? Et, en outre, comment, dans le second exemple, une infinité de directions différentes, c’est-à-dire de déplacements différents, peuvent-ils être prédéterminés simultanément, puisqu’ils ne sauraient être que successifs ? L’idée de l’activité potentielle est donc contradictoire à double titre.

VI

L’être métaphysique se spécialise en un nombre immense d’individus qui tiennent de lui leur être et ce qu’ils sont. Ceux de ces individus dont nos sens nous révèlent l’existence, certains caractères et dans une certaine mesure les mutuelles relations, se partagent en