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SULLY PRUDHOMME. psychologie du libre arbitre.

4o La résolution. Le motif, quand il n’est en conflit avec nul autre, quand il est unique, fait naître l’intention immédiate d’agir ou de s’abstenir, l’intention arrêtée, qui se nomme la résolution. L’agent, si bon lui semble, peut différer d’agir, car une intention, si formelle qu’elle soit, d’agir, n’est pas encore l’action.

5o La volition. L’entrée en action appartient au vouloir, lui est propre et est appelée par les psychologues volition[1]. Ce mode initiale d’activité est purement psychique, et, de plus, c’est une espèce particulière de l’activité psychique. Ce n’est pas l’activité volontaire qui forme les idées, qui compare, qui raisonne ; mais elle accompagne chacune de ces opérations sous le nom d’attention ; elle diffère également de l’énergie musculaire et se distingue, en un mot, «le tous les modes d’activité composant les stades successifs de la mise à exécution de la résolution. Quels que soient ces modes, l’activité volontaire, qui en est seulement la mise en train, demeure donc toujours la même. Elle prend le nom d’initiative.

6o L’hésitation. Il arrive que l’acte à réaliser est mis à exécution aussitôt que voulu. Dans ce cas il n’y a pas alternative pour l’agent. Il ne se dit pas : « Ferai-je ou ne ferai-je pas cet acte ? » il n’a pas occasion de se le demander, parce qu’il n’y a pas hésitation chez lui. Il prend l’initiative d’agir aussitôt qu’il perçoit le motif ; il veut dès qu’il le perçoit. Mais il se peut qu’il hésite, parce que divers motifs sollicitent son vouloir.

7o La délibération. Dans ce dernier cas il délibère, c’est-à-dire qu’il cherche à discerner, parmi plusieurs motifs qui sollicitent son vouloir, le motif prépondérant, la satisfaction dominante parmi celles qui se proposent à son choix. La délibération aboutit à un jugement qui fixe son choix en déterminant sa préférence, en un mot à la résolution.

8o L’abstention. La délibération peut aboutir à la résolution de ne pas agir. S’abstenir c’est vouloir ne pas agir, c’est donc plus que l’inaction. Celle-ci est l’absence de tout changement dans le moi, l’abstention, au contraire, implique une opposition à quelque motif incitant a agir, donc une résistance à une tendance. Du processus que représente l’action sur laquelle l’agent délibère, rien ne se réa-

  1. C’est toute manifestation particulière de l’aptitude à vouloir, que cette aptitude soit, à tort ou à raison, sous le nom de volonté regardée comme une entité, comme une faculté, soit qu’elle signifie un genre comprenant toutes les déterminations volontaires.