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PSYCHOLOGIE DU LIBRE ARBITRE


J’ai déposé le germe du présent travail dans le Compte-rendu du Congrès International de Psychologie tenu à Paris en 1900[1]. Voici ma communication :

L’illusion du libre arbitre.

« Qu’il y ait ou non dans l’Univers des événements non nécessités, toujours est-il que l’homme a l’illusion au moins, sinon la véridique assurance, qu’il en existe un, au témoignage de sa conscience, dans l’exercice de sa volonté. Je m’en tiens à cette constatation tout empirique et je m’en étonne, car n’est-il pas surprenant, si tout est nécessité dans l’Univers, qu’un état mental y trouve de quoi représenter, même illusoirement ; la non-nécessité ? De quelle combinaison de facteurs nécessaires peut donc sortir une image, vraie ou fausse, de quelque chose qui n’implique absolument rien de leur nécessité et même en représente le contraire ?

« Il y a, certes, là un problème à résoudre, je ne peux que le signaler. Il m’a conduit à une théorie des idées, dont je n’ai pas encore achevé l’exposé. »

Depuis lors, dans une de mes lettres adressées à mon savant ami le docteur Charles Richet, de l’Académie de médecine, sur les Causes finales[2] j’ai écrit : « D’après les idées que se font les savants du déterminisme expérimental, de sa nature et de sa portée, rien n’existerait, rien n’agirait, rien n’arriverait qui ne fût ou bien nécessaire, à titre de substratum, ou bien nécessité à titre d’événement. Or il est indéniable que l’homme, à tort ou à raison, s’attribue une activité indépendante dont il a conscience. Je me demande alors

  1. Congrès international de psychologie tenu à Paris du 20 au 26 août 1900 sous la présidence de M. Th. Ribot, de l’Institut. Compte-rendu des séances et textes des mémoires.
  2. Le problème des causes finales, p. 128 et suiv.