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VERS LE POSITIVISME ABSOLU PAR L’IDÉALISME

PAR LOUIS WEBER


Il y a deux livres dans le livre de M. Weber. L’un, que le titre annonce, et qui est de discussions et de réfutations, livre de critique un peu abstraite et verbale, de critique purement négative comme l’auteur le reconnaît lui-même ; livre que beaucoup d’autres en ce temps auraient pu concevoir et écrire à quelques détails près. Le second livre est riche, pénétrant, profond. Parlons d’abord du premier.

Il est clair que M. Weber a subi, tout au moins pour ce qui est de la forme et de la composition, l’influence de la société philosophique française. Cela se reconnaît d’abord à son langage, qui, disons-le une fois pour toutes, à presque partout de la force et de l’éclat, mais qui est émaillé de ces barbarismes comme « processus », « panlogisme », « apriorité » et tant d’autres, dont même nos meilleurs écrivains philosophiques chargent et encombrent leur style. Cela est le signe que la philosophie se sépare du public éclairé, et que les philosophes n’écrivent plus que pour les philosophes. Nous allons reconstituer, si nous n’y prenons garde, une scholastique, loin du peuple, hors de la vie. Un bon élève, qui avait quitté la classe de philosophie depuis un an, disait naïvement : « Je voudrais faire de la philosophie de temps en temps ». Il lui fallait pour cela sans doute une salle nue et froide et des mots barbares.

Notre philosophie n’a pas seulement un jargon scholastique ; elle est trop souvent dominée par ce préjugé, scholastique aussi, que nul ne peut produire une thèse nouvelle sans avoir d’abord examiné toutes celles qui ont été proposées sur le sujet qu’il traite. De là ces