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IIme CONGRÈS DE PHILOSOPHIE — GENÈVE

En d’autres termes, quand vous parlez du mouvement intra-cérébral, c’est-à-dire d’une certaine représentation-mouvement, ou bien vous faites allusion à cette représentation concrète, occupant une certaine étendue déterminée, et celle-là entretient évidemment avec la représentation en général la relation de la partie avec le tout : ou bien vous ne voyez dans cette représentation-mouvement qu’un signe, qui, approfondi, pourrait en effet vous conduire à la réprésentation de l’univers : mais approfondir ce signe consiste précisément à descendre vers une implication réciproque universelle ou réalité extraspatiale que ce signe, avec beaucoup d’autres, a développée dans l’espace : et alors c’est l’ensemble de tous les signes que vous considérez, bon gré, mal gré, quand vous croyez n’en retenir qu’un seul.

Enfin, pour répondre à un autre point de l’argumentation de M. Darlu, je répète que solidarité n’est pas équivalence. Que le sang cesse de circuler dans le cerveau, la représentation va disparaître : cela prouve que l’état psychologique est solidaire de l’état cérébral, mais non pas qu’il en soit l’équivalent.

Les autres objections faites à M. Bergson, et dont nous n’avons pu donner un résumé précis, notamment celles de MM. Naville et Stein, expriment d’abord une assez vive surprise, que chacun a traduite selon son tempérament, ensuite un attachement très robuste à la formule du parallélisme psycho-physique. M. Naville a déclaré avec une belle franchise qu’il avait commenté maintes fois cette formule devant ses élèves, sans jamais avoir été amené à formuler un doute au sujet du principe. Quant à M. Stein, il a répondu à M. Bergson avec une ardeur qui indiquait clairement que la doctrine du parallélisme n’était, à ses yeux, pas même ébranlée, et qu’il se proposait de la commenter dans l’avenir comme dans le passé, plus soucieux de l’illustrer de nouveaux exemples, que de la soumettre dans son principe à une critique préalable. Et enfin on peut retenir de ses objections, — comme aussi de celles que nous venons de résumer, et du commentaire qu’un public éclairé ne devait pas manquer d’apporter à une aussi mémorable séance — que l’argumentation de M. Bergson n’a pas été toujours exactement comprise. Le professeur Stein, par exemple, croit qu’il est mis en demeure de choisir entre le réalisme et l’idéalisme, et il refuse de choisir ; mais la question n’est pas la. Pour que la formule du « parallélisme » enferme, lorsque M. Stein la formule, un sophisme, il n’est pas nécessaire que M. Stein prenne parti pour l’idéalisme ou pour le