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IIme CONGRÈS DE PHILOSOPHIE — GENÈVE

On tirerait aisément, de la lecture de ces trois mémoires, cette conclusion que la philosophie est plus facile à définir qu’à réaliser. Je crois que la philosophie est, pour tous ceux qui en ont quelque notion, la connaissance de la connaissance même et que c’est à ce point de vue seulement qu’elle a aussi pour objets le sentir et l’agir. Cette connaissance, qu’on la réalise aussi solide, aussi étendue, aussi systématique qu’on le pourra, voilà tout ce que l’on peut dire. Et le seul critique qui ait présenté, à la suite de cette séance, des observations, M. Leclère n’a fait que répéter la même chose, en fort bons termes.

M. Rauh dans une communication sur la position du problème du libre arbitre, a convié ses auditeurs du Congrès à une « expérience morale » portant sur la croyance que chacun de nous à naturellement en sa propre liberté. Le lecteur est prié de se reporter au mémoire que publie la Revue dans le présent numéro. Cette lecture lui rendra l’impression, éprouvée par tous au Congrès, d’une description sincère de soi-même à soi-même. Un tel souci de ne rien omettre de la réalité immédiate, en comprenant dans la réalité immédiate les idées aussi, et les opinions des autres aussi, autant qu’elles éveillent des sentiments et des idées, à vivement frappé les auditeurs, dont un certain nombre étaient peut-être encore trop indulgents aux constructions abstraites. Il est certain que ces jeux de formules par lesquels on résume trop souvent le « déterminisme », aussi bien que les « preuves morales » de la liberté, manquent presque toujours de prise sur nous ; la réalité y est trop simplifiée, M. Bergson l’avait déjà montré, avec force ; M. Rauh s’applique à la même tâche, et s’il ne réussit qu’à nous troubler, et à disloquer nos théories, c’est déjà beaucoup.

M. Rauh excelle à soulever chez l’auditeur un tumulte de pensées, qui n’est pas favorable à la découverte d’une objection précise. Néanmoins son exposé a été suivi d’une discussion intéressante, quoique assez courte, et qui a l’avantage de bien montrer sur quels points la thèse de M. Rauh a encore besoin d’éclaircissements.

M. Strong (New-York) partage à beaucoup d’égards les idées de M. le Professeur Rauh, mais demande si la liberté est nécessairement un objet de croyance, et si elle n’est pas plutôt un fait. Dans un livre intéressant qui a paru l’hiver dernier, un des meilleurs économistes américains à cherché à démontrer que la croyance à la liberté est un