Page:Revue de métaphysique et de morale - 12.djvu/1032

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1020
revue de métaphysique et de morale.

l’histoire. De tout temps, les philosophes se sont occupés des disciplines dont nous venons de parler, et, ce qui est iei plus intéressant, ils ont essayé d’en dégager la théorie. Celle de la science, en particulier, a tenu une large place dans leurs travaux. C’est par elle que Descartes a été un grand philosophe ; c’est sur elle que les plus importants travaux de Kant ont porté ; et lorsque A. Comte s’est efforcé d’élever une science philosophique au-dessus des sciences particulières, c’est à une théorie de la science, bien plus qu’à une métaphysique renouvelée, qu’il a pensé tout d’abord.

À ce point de vue, la philosophie peut être définie, puisqu’elle est normative, comme la science universelle des valeurs. Elle aura à déterminer le but universel, mais sans se perdre en des formules trop générales, et en étudiant ses diverses formes au point de vue particulier de chaque discipline. Par exemple, admettons que ce but soit l’agrandissement de l’esprit, tantôt sous la forme de l’extension, tantôt sous celle de l’intensité, il faudra connaître les disciplines qui correspondent à la première forme, et celles qui correspondent à la seconde. Et quand nous aurons mis d’un côté la science, la morale, l’art, la loi sociale, et de l’autre la religion, il faudra encore fixer, pour chacune d’elles, les processus fondamentaux qui découlent de la nature de son objet particulier. Il en résultera toute une classification, toute une dialectique des diverses disciplines, dont on ne contestera point l’importance pour la vie intellectuelle.

M. Gourd, dans cette partie de sa communication, s’appuie plus d’une fois sur ses travaux antérieurs, et notamment sur des articles que les lecteurs de cette Revue n’ont pas oubliés[1]. Évidemment le temps lui manquait pour donner à ses idées le développement et la précision nécessaires.

Qu’il y ait maintenant entre ces trois parties de la philosophie, psychologie, métaphysique et canonique, un lien étroit et une dépendance réciproque, c’est ce que M. Gourd n’a pas eu de peine à montrer brièvement. À vrai dire toute étude de l’esprit comme condition du réel, et l’on peut bien appeler cette étude une psychologie, quoique ce mot ait déjà un autre sens, ne peut manquer de nous donner des résultats absolus, autant que ce mot à un sens ; à qui ou à quoi en appeler, si nous formulons les conditions mêmes de toute connaissance ? À quel principe rattacher ces conditions, qui ne les

  1. Les trois dialectiques, Revue de Métaphysique, 1897.