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IIme CONGRÈS DE PHILOSOPHIE — GENÈVE

calement et des explications transcendantales et de la dépendance des sciences particulières. — Pourquoi sortirions-nous de la réalité donnée ? Ces éléments en font incontestablement partie. Nous pouvons bien les appeler des conditions, des causes, mais seulement au sens large des anciens ; ce ne sont pas des causes extérieures à la réalité qu’elles expliquent. Il est vrai que nous ne les saisissons pas séparément, et qu’il faut les dégager par un travail intellectuel probablement compliqué. Qu’importe ! Il n’en est pas autrement des objets auxquels s’attachent les sciences particulières, même celles qui sont réputées les plus concrètes. Ces objets ne sont encore que des éléments de la réalité, inséparables de fait des autres éléments. Cependant on les tient pour réels, pour donnés. Pourquoi ceux dont nous parlions ne le seraient-ils pas également ? En vérité, tous font partie de la réalité donnée, avec les choses ou plutôt dans les choses dont on les dégage.

Sans entrer dans le détail des raisons, ici un peu abstraites et un peu trop dépourvues d’exemples, que l’auteur apporte à l’appui de sa thèse, il est permis de se demander si cette métaphysique diffère nettement de la psychologie qui a été antérieurement définie. « Éléments » s’entend en bien des sens ; il ne peut être question ici des éléments supposés par les sciences, comme sont les corps simples et les atomes. M. Gourd semble considérer comme « éléments universels » l’être, la qualité, la quantité. Ne sont-ce pas là des idées, c’est-à-dire de ces conditions de toute connaissance que peut découvrir la psychologie entendue comme philosophie de l’esprit ? Autant dire que la psychologie dont nous parle M. Gourd est la métaphysique même, si une métaphysique est possible. Bornons-nous à cette remarque ; il est évident qu’il faudrait ici prouver le mouvement en marchant, et que le précepte ne sert à rien sans l’exemple.

Venons à la troisième idée, c’est que la philosophie doit être une canonique, au sens large du mot. Pourquoi la philosophie ne se tournerait-elle pas vers les réactions de l’esprit sur la réalité, et ne deviendrait-elle pas normative, législatrice, dans toutes les directions où ces réactions se produisent, dans la science, dans la morale, dans l’art, et même dans la religion et la vie sociale ? Pourquoi ne se chargerait-elle pas, d’une part de fixer les domaines respectifs des diverses disciplines, d’autre part d’établir leurs processus généraux et de signaler les avantages et les inconvénients qu’ils comportent ?

C’est bien ce que, plus ou moins expressément, elle a fait dans