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physiques, les tendances simples pouvant être considérées comme des instincts. En effet les incitations d’où dépendent les premières habitudes ne sont-elles pas surtout celles qui ont lieu en l’absence des causes directes qui font jouir ou souffrir, et par la seule présence des images accompagnées d’appétit ? Et peut-on rapporter aux habitudes les mouvements déterminés par les intuitions actuelles accompagnées d’affections ? Par exemple, si ma main se retire par une affection de brûlure ou de piqûre, c’est un instinct et non pas une habitude ; mais c’est bien par habitude que je m’éloignerai d’un brasier ardent dont j’ai l’intuition ou l’image correspondant à une aversion. Ce sont les images liées aux appétits qui, se reproduisant spontanément en l’absence des causes ou objets d’impression, donnent lieu à presque toutes les habitudes physiques.

Je sens très bien que proposer de faire de pareils changements au tableau, c’est vouloir en altérer la symétrie. Vous avez fait en sorte de faire marcher par deux, et respectivement sous les mêmes dénominations, toutes vos divisions spécifiques de phénomènes dans les deux ordres : ainsi dans la seconde ligne, aux coordinations immédiates et subséquentes qui laissent après elles les combinaisons, correspondent parallèlement les incitations immédiates et subséquentes, qui laissent après elles les habitudes. Mais sans parler de la difficulté qu’il y a à admettre cette exacte correspondance dans les deux systèmes, correspondance telle que la même échelle, la même division numérique et spécifique s’appliquent précisément à l’un et à l’autre, je trouve de plus que l’expression générique du phénomène que laisse après elles chacune des deux espèces de modifications précédentes ne correspond jamais également à l’une et à l’autre, mais seulement à la dernière de ces modifications qui la précède immédiatement dans le tableau. Par exemple, les coordinations subséquentes laissent seules après elles des combinaisons ; mais les coordinations immédiates qui ne diffèrent peut-être pas des intuitions comparatives peuvent bien ne laisser après elles que des images, ce qui offre l’inconvénient de répéter deux fois dans le tableau un même phénomène sous deux dénominations différentes, et de présenter tel phénomène comme étant également en dépendance des deux qui le précèdent au tableau, pendant qu’il n’est la suite que d’un seul.

J’avoue que je ne puis concevoir en aucune manière ce que sont les images de rapport abstraites des intuitions ou des images com-