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Ce nest pas au phénomène de l’expérience externe, à l’objet objectif, qui ne possède que l’existence phénoménale en soi qui se ramène à la masse et au mouvement, que ce principe pourrait convenir. C’est au phénomène de l’expérience interne, à l’objet subjectif qui possède l’existence pour soi, qu’il s’adresse exclusivement. Par l’induction nous créons des faits de conscience en dehors de nous, nous étendons le domaine psychologique bien au delà des bornes de la conscience individuelle, et nous arrivons à admettre, à côté du monde physique, un monde psychologique des faits conscients, subconscients, ou actuellement cristallisés dans l’inconscience après avoir été, primitivement, à un degré quelconque, accompagnés de conscience. Ce monde psychologique des éjects, pour employer le terme imaginé par Clifford, est, essentiellement, le monde de la répétition altérante.

Le monde phénoménal de l’existence en soi devient objet de science grâce au principe de la répétition intégrale. La raison en découvre les lois en le supposant implicitement ; la loi physique, uniformité de coexistence ou de succession, est, par définition, la forme de coexistence ou de succession des choses uniformes, qui se répètent identiquement, que le temps n’altère pas et qui existent dans le temps comme elles existent dans l’espace. La loi physique finit toujours par se résoudre en une relation de quantité, un système de lois physiques en un système de relations quantitatives coordonnées entre elles. Cette coordination n’est possible qu’à la faveur du principe d’Identité, car c’est lui qui gouverne toute coordination quantitative. Le monde physique, à mesure que la science progresse, se transforme peu à peu en monde de la quantité, du nombre et de la mesure, où l’identité est non seulement supposée comme possible mais encore postulée comme nécessaire, dans l’espace, ce qui revient à l’égalité de figure et à la superposition, et dans le temps, ce qui s’exprime par la répétition intégrale.

Tout autre est le monde psychologique. Ici, la diversité est absolument nécessaire et l’identité impossible, en raison même de l’existence pour soi. La répétition altère les phénomènes psychologiques ; ils s’organisent par l’effet de la répétition, ainsi que l’expérience le prouve abondamment. Les actes, si par ce mot on entend les phénomènes de la vie considérés comme manifestations de l’existence pour soi, sont universellement soumis à la loi bien connue de l’habitude et de l’automatisme progressif ; par l’habitude, ils passent