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jamais venue. Entre ces deux concepts l’union est donc intime, et les hypothèses métaphysiques qui président à la formation de l’un sont aussi celles qui servent de fondement à l’autre. Il nous suffira d’indiquer quelles sont les hypothèses métaphysiques impliquées dans le concept historique.

Les phénomènes du monde extérieur, ceux sur lesquels s’exerce directement l’expérience externe, ensembles plus ou moins complexes de sensations et d’images que le sujet pensant pose vis-à-vis de lui à titre d’existences en soi, en partie indépendantes de lui-même, se présentent, multiples, sous la forme simultanée et sous la forme successive. Ils constituent, dans l’espace, des multiplicités de simultanéité et, dans le temps, des multiplicités de succession.

L’ensemble de ces phénomènes, à un moment donné, c’est-à-dire le concept d’une multiplicité de simultanéité telle qu’on n’en pourrait concevoir aucune autre, non comprise en elle, coexistant avec elle et qui, par conséquent, embrasserait tous les phénomènes physiques connus ou inconnus, est ce qu’on appelle l’univers physique à un moment donné ou un état de l’univers.

Que l’on compose ensuite, avec des multiplicités de simultanéité telles que celles que nous venons de définir, une multiplicité de succession et on aboutira au concept d’une série des états de l’univers, c’est-à-dire à une première forme du concept historique concernant l’univers. Retracer l’histoire de l’univers, c’est exposer cette multiplicité de succession et aligner les uns à côté des autres les états constitués par les multiplicités de simultanéité, c’est dérouler dans le temps — considéré comme un milieu unilinéaire et homogène — une série dont chaque terme est une multiplicité de simultanéité, et construire, dans une sorte d’espace idéal à quatre dimensions, l’univers envisagé comme une multiplicité à la fois coextensive et successive.

L’histoire de l’univers ne va pas sans celle de ses parties. Les multiplicités simultanées, quel que soit le nombre des faits qui les composent, peuvent être juxtaposées par ordre de séquence et former, par leur ensemble, des multiplicités de succession partielles incluses dans la multiplicité totale. On peut enfin se représenter une série de phénomènes isolés successifs, c’est-à-dire une multiplicité de succession dont les éléments sont tenus pour simples, ne sont pas eux-mêmes des multiplicités, et on est ainsi conduit à retracer l’histoire d’un élément simple de l’univers.