Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/410

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des axes de coordonnées et le mouvement-type servant à la mesure du temps[1]. L’existence d’un système de coordonnées et d’un mouvement-type jouissant du privilège de se prêter seuls à la vérification de ces lois permet sans doute aux partisans de l’espace et du temps absolus de dire qu’ils ont déterminé le premier et trouvé la mesure du second ; mais on ne saurait y voir la preuve du caractère absolu de l’espace et du temps, car si les phénomènes du monde matériel sont soumis à des lois simples, ces lois sont forcément dépendantes du choix des coordonnées et du mouvement-type, que l’espace et le temps soient absolus ou relatifs. Dès lors le fait qu’on découvre des systèmes jouissant du susdit privilège ne constitue pas le moindre préjugé en faveur de l’une ou de l’autre hypothèse.

Ainsi se dissipe la séduction qu’exerce de prime abord l’argumentation que M. Noël rattache à la flèche qui vole, et, d’autre part, grâce à la double négation du mouvement continu et de l’existence de durées et de distances minimum, nous échappons au double argument de la dichotomie et de l’Achille et à celui du stade.

Georges Lechalas.


III
réponse à m. brochard


M. Brochard m’a fait l’honneur de discuter, dans le dernier numéro de la Revue, quelques opinions que formulait mon étude sur les Pythagoriciens et les Éléates. — J’exprime d’abord tous mes regrets à mon savant contradicteur de n’avoir pas rendu sa pensée aussi fidèlement que je l’aurais souhaité moi-même, — et je viens sans tarder aux difficultés qu’il signale et qui ne me semblent pas insurmontables.

I. — Tout d’abord, quelques textes de Platon, aux yeux de M. Brochard, sont un fondement suffisant pour l’interprétation classique de la pensée des Éléates, relative au mouvement. C’est bien le mouvement, comme phénomène élémentaire, le mouvement sous toutes ses formes, que Parménide et Zénon auraient voulu nier, et non pas seulement, comme nous l’avons dit, après M. Tannery, le mouvement de l’Univers sur lui-même. Bien que nous nous sentions quelque peu timide dans ce genre de discussion, voyons de près les textes signalés. 1° « Dans le Sophiste, dit M. Brochard, quand Platon revendique pour l’être absolu le mouvement, la vie

  1. Il va de soi que nous ne considérons pas comme distincts les systèmes de coordonnées en repos les uns par rapport aux autres ni même ceux qui ne sont animés, par rapport aux premiers, que de mouvements de translation uniformes, non plus que les mouvements dans lesquels les espaces parcourus simultanément sont constamment proportionnels entre eux.