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réelle que de la transformer en quelque chose qui puisse ne pas être objectivement réel.

Si la psychologie dénommée scientifique ne peut être reçue à titre de vérité, il en est de même de l’ancienne psychologie introspective qui, par son erreur fondamentale, apparaît comme la mère de la psychologie moderne. La méthode introspective aboutit à mettre en présence un objet et un sujet, à transformer le sujet en objet à connaître et que ipso facto on ne pourrait plus réellement connaître tel qu’il est puisqu’il serait devenu extérieur au sujet connaissant. Ce point a été longuement exposé dans le premier chapitre. Cette méthode, en résumé, aboutit comme l’autre, dont elle est au fond un des principes, à faire de la psychologie une science qui n’est plus la vraie science, mais qui est, comme chacune des « sciences » physiques, la création de types d’association mentale ayant alors pour fonction de réaliser le bien-être mental non plus contre les perturbations d’un dehors peut-être réel, mais contre les perturbations d’un dehors qui, primitivement, n’était pas réel, qui n’était pas un dehors, mais que l’on s’est créé en dedans de soi en imitant illogiquement les « sciences physiques », en cédant à une objectivation qui, au fond, n’est interne que de nom.

Psychologie scientifique et psychologie introspective ne sont donc que les fantômes de la vraie psychologie : ce ne sont que des physiques, aussi illusoires que l’autre, c’est-à-dire aussi étrangères à la réalité et constituant, au même titre qu’elle, un ensemble de règles pour trouver l’équilibre mental contre les perturbations du dehors (avec cette différence purement formelle que, dans ce cas-ci, le dehors a été originairement un dedans).

La psychologie réelle, ce qui constitue vraiment la science, ne peut suivre qu’une seule méthode, celle qui s’appellerait (s’il lui faut un nom) « conscientielle » : c’est-à-dire qu’elle n’a pas besoin d’être faite, qu’elle se fait toute seule et que la faire serait en réalité la « défaire » : elle est constituée par la vie même de chaque instant de la conscience, et de la conscience comme purement telle, même chez le dernier des êtres doués de conscience.

G. Remacle,
Professeur de rhétorique à l’Alhénée royal
de Hasselt.