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pythagoricienne. — Poursuivons. La Dynamique, au xviie siècle, prend naissance avec Galilée, Descartes, Huygens, puis Newton. Je n’ai plus à insister près de vous sur le sens des notions nouvelles qui s’introduisent alors dans la science. Eh bien, croyez-vous qu’à l’apparition des principes fondamentaux de la Dynamique, et surtout de la loi de Newton, croyez-vous que les savants qui énonçaient principes et lois comprirent clairement qu’il n’était question que de concepts ? que de dire que les corps s’attirent dans telles ou telles conditions, que, dans tels cas, telles forces agissent, etc., ce n’était que façon de parler, manière de voir, conception de l’esprit, particulièrement précieuse ? Vous savez bien le contraire. Si Descartes avait dit : les choses sont étendue, on dit après Newton : les choses sont forces. Et on l’a tellement dit, et on le dit tellement encore aujourd’hui, qu’il faudra longtemps, n’en doutez pas, pour que tout le monde s’entende à ce sujet.

Vous connaissez enfin tous les concepts nouveaux que la science a si heureusement introduits de notre temps dans son langage, ceux d’énergie, de potentiel, d’éther, etc. Ai-je besoin de vous dire qu’en raison de leur origine récente, c’est encore parfois du courage d’affirmer leur caractère purement conceptuel, si vous me permettez le mot ? Lisez, par curiosité, quelques pages d’Auguste Comte, où il manifeste une terreur en vérité étrange à l’égard des théories qu’il voudrait rejeter de la science positive, comme celle des ondulations. Pourquoi cette terreur, sinon parce qu’il n’en comprend pas le caractère absolument semblable à celui de n’importe quelle théorie de sa science positive, comme celle de l’attraction ; sinon parce que lui, tout le premier, nous donne l’exemple de les interpréter métaphysiquement ?

Puisque je parle d’Auguste Comte, nous pouvons lui emprunter, pour nous faire mieux comprendre, une classification que vous connaissez. Il distingue, vous le savez, trois états dans l’histoire de la pensée humaine. J’en distinguerai volontiers deux, non pas dans l’évolution de la science prise dans son ensemble, mais dans l’évolution de chaque concept : l’état métaphysique et l’état scientifique. Aucun n’a échappé à cette nécessité ; l’histoire des idées est là qui nous le prouve. Pourquoi donc ici, à l’aurore de la science, le concept de nombre y eût-il échappé ?

Au surplus, quand la première conception d’une idée se dépouille peu à peu de son caractère objectif, pour atteindre à l’état de con-