Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le mouvement
et
les arguments de zénon d’élée


Les arguments de Zénon d’Élée contre la possibilité du mouvement ont reconquis dans ces dernières années l’attention des philosophes et même des mathématiciens. Ces subtilités dialectiques, vieilles de plus de deux mille ans, ont eu la singulière fortune de redevenir en quelque sorte actuelles, de susciter des critiques approfondies, voire de trouver des apologistes convaincus. C’est sans doute que l’examen plus attentif et plus impartial des textes a mis en lumière l’insuffisance des réfutations traditionnelles ; c’est aussi que la critique des concepts fondamentaux de la science nous apparaît de plus en plus comme l’œuvre principale sinon exclusive de la philosophie et comme la seule base solide sur laquelle celle-ci puisse asseoir une construction systématique.

Les arguments de Zénon rapportés par Aristote sont au nombre de quatre et peuvent se répartir en deux groupes. Au premier appartiennent la dichotomie et l’Achille ; la flèche et le stade forment le second. Dans le premier groupe d’arguments, le temps et l’espace sont supposés continus et divisibles à l’infini ; dans le second, ils sont l’un et l’autre considérés comme discontinus et composés d’éléments indivisibles. Cette distinction, que M. Renouvier a le premier mise en lumière, n’est pas indiquée par Aristote, mais elle ressort incontestablement du texte, pour peu qu’on le lise avec attention. Les deux premiers arguments postulent d’une manière évidente la divisibilité indéfinie de l’espace. Sans doute le temps n’y est pas explicitement considéré ; mais la conclusion n’est intelligible que s’il est comme l’espace indéfiniment divisible, et qu’à la division de l’un corresponde