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Proceedings of the Seventh Annual Meeting of the American Philosophical Association, Heldat Cornell University Decemher 27-28 1907. Together with the Address of the Président. The problem of truth, by Professor H. N. Gardiner. Reprinted from the Philosophical Review, vol. XVII, no 2, March 1908 (p. 113-137 et 167-190).

On a discuté surtout dans l’assemblée d’Ithaca, sur la question de la vérité et la question de la réalité ; et si on a fait des réserves sur le pragmatisme, on a affirmé de plus en plus nettement le réalisme.

J. Gardiner, le président, dans son discours (The problem of truth) use de la méthode concrète et particulière du pragmatisme ; mais il sépare du monde des faits, les vérités qui appartiennent à un règne idéal, en un sens opposé à la réalité. La vérité n’est ni le sujet ni le prédicat d’un jugement ; elle n’est ni « substantive » ni « objective » : elle est une forme idéale objective et universelle dont la présence dans la conscience est pur accident. C’est de cette théorie que part l’auteur pour reprendre les principales objections déjà adressés au pragmatisme, mais on peut lui demander si les relations qui existent pour lui entre l’idée et le fait, — réflexion, assimilation de l’un par l’autre, ne sont pas métaphoriques et imprécises. — M. A.-E. Taylor a lu une communication sur le processus mental dans la connaissance ; à la suite d’Avenarius, il pense qu’il faut concevoir les objets non comme causes de la pensée, mais seulement comme appréhendés par elle ; et il distingue fortement, comme M. Gardiner, mais dans un sens un peu différent, les idées, objets extra-mentaux en réalité, et le processus mental proprement dit. « Connaître n’est pas mettre en certains rapports les choses extra-mentales, mais affirmer qu’elles sont reliées de telle ou telle façon. » Ces idées de MM. Taylor et Gardiner constituent une intéressante transformation du rationalisme, en réaction contre le psychologisme pragmatiste.

M. William James a fait un exposé de la vérité. « Je rends compte de la vérité en réaliste, dit-il, et me conforme au dualisme épistémologique du sens commun. » — De fait, James insiste surtout sur son réalisme, déclare que la notion d’une réalité indépendante de nous est à la base de la définition pragmatiste de la vérité ; pour être vraie une idée doit concorder avec cette réalité. — Mais qu’est-ce que M. William James entend par concordance ? C’est ici que se devine une lutte inconsciente entre le réaliste et le pragmatiste ; pragmatiste M. W. James définit cette concordance par les succès pratiques de l’idée (Workings) ; réaliste, il compte au nombre de ces succès, les relations de ressemblance, de copie entre l’idée et le fait, oublieux, semble-t-il, de tous les efforts qu’il a faits lui-même avec MM. Dewey et Schiller pour détruire la « copy theory ». — La même indécision se manifeste quand M. W. James déclare d’un côté qu’une affirmation particulière ne peut être définie comme vraie, si elle n’a pas de possibilités fonctionnelles, et d’un autre côté, qu’on peut, malgré tout appeler vérité cette affirmation abstraite, — par courtoisie. — MM. Creighton, Balzewell, Hibben ont renouvelé, contre James, des objections déjà faites, sans paraître voir ce qu’il y avait de nouveau dans son exposé. Nous parlons plus haut, des objections de M. Strong, beaucoup plus intéressantes, dans le compte rendu du Journal of Philosophy, Psychology and Scientific Methods.

Le réalisme, nécessaire au pragmatisme contient, comme nous venons de voir, des éléments qui peuvent lui être funestes et c’est à toute une efflorescence de réalismes divergents que nous assistons.

M. Norman Smith, reprenant comme Taylor la théorie d’Avenarius, critique la théorie subjectiviste d’après laquelle nos idées sont à la fois appréhensions et effets des objets, exclues de leur milieu et incluses en lui ; il arrive à une forme spéciale du réalisme, empruntée à M. Bergson : notre cerveau, dit-il, est un organe moteur. M. Hollands se fait l’avocat d’un néo-réalisme qui nie comme le précédent la théorie représentative de la connaissance ; par là, dit M. Hollands, il se rapproche de l’idéalisme. Mais contre l’idéalisme, il affirme que la connaissance n’agit pas, que « esse » n’est pas « percipi ». Le néoréalisme définira-t-il la conscience comme une simple awareness, comme une sorte de verre transparent ? Où bien verra-t-il en elle une relation entre les objets, une orientation objective ? — L’auteur pose la question, et ne la résout pas. M. B.-C. Erder reprend le même problème, oppose le représentationnisme au réalisme pour lequel la conscience est simplement une relation d’awareness et qui maintient les qualités dans les objets eux-mêmes. Ces deux théories sont justes, conclut-il, si elles sont jointes ; elles se mêlent dans la réalité, et leur dosage varie, M. W.-T. Marvin fait place dans les données premières de la connaissance, à côté des axiomes et des inférences, aux jugements dont la seule garantie est le contenu, saisi immédiatement par la conscience ; ce contenu