Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 6, 1908.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

organism. The Gifford lectures delivered before the University of Aberdeen in the year 1907, by Hans Driesch. 1 vol. in-8 de xiii-329 p. London, 1908. — Ce volume contient la première série seulement des conférences faites en Angleterre par le savant biologiste de Heidelberg. Il sera suivi d’un second volume plus proprement philosophique, mais qui supposera la connaissance des faits minutieusement étudiés dans le premier. L’auteur choisit quatre grandes questions qui sont toute la biologie : la morphogenèse, l’adaptation, l’hérédité, la théorie de la descendance. Il résume à propos de chacun de ces problèmes les vues qu’il a exposées dans une multitude de travaux disséminés : il n’est donc pas de meilleur ouvrage pour connaître dans son ensemble le système vitaliste de Driesch.

Personne n’est plus attentif que Driesch à écarter les preuves insuffisantes du vitalisme. Ainsi il consacre plus de cinquante pages à examiner les exemples remarquables d’adaptations sans consentir à trouver dans cette merveilleuse souplesse de l’organisme une seule preuve indiscutable de l’autonomie de la vie. Mais cependant, après éliminination des arguments équivoques, deux vraies preuves lui paraissent subsister, l’une tirée de la morphogenèse et surtout des restitutions d’organes, l’autre de l’hérédité. Ni la chimie, ni la physique ne lui semblent pouvoir expliquer ce fait que tant d’organismes sont capables de régénérer un membre coupé, parfois même de régénérer une régénération. Assimile-t-on la morphogenèse à une désintégration chimique, une fois cette désintégration faite elle ne se refera pas ; une portion de l’organisme adulte représentera un processus de décomposition achevé qui n’a aucune possibilité de se produire dans la même région. De plus, si la formation d’un organisme était un phénomène d’ordre chimique, les parties distinctes de cet organisme correspondraient à autant de composés chimiques différents. Mais ce n’est pas ce qui a lieu, puisqu’un organisme au contraire est fait d’un nombre très limité de tissus qui se répètent dans presque toutes ses parties (nerfs et muscles par ex.). La forme même des organes élémentaires ne s’accorde avec aucune théorie chimique, car une forme d’équilibre chimique est toujours une forme géométrique, comme nous en montre la cristallographie : ce n’est point par la chimie qu’on expliquera la forme de chaque os du pied d’un vertébré. Veut-on joindre l’explication physique à l’explication chimique ? On se demandera quelle machine concevable pourrait se comporter comme un organisme. Il faudrait une machine qui produisît des effets très déterminés dans chacune des dimensions de l’espace et telle cependant qu’on pût supprimer une partie de cette machine sans modifier le fonctionnement de l’ensemble. Or les faits nous enseignent qu’un développement total (quoique plus petit) se produit dans un organisme élémentaire mutilé pourvu qu’on laisse subsister un certain volume de matière vivante V. Donc toute la machine existe en V. Mais elle existe non moins dans une portion V1 égale en volume à V, et dans V2 et dans V3 et dans une portion. Vx faite d’une moitié de V et d’une moitié de V1, contigu à V, etc. Donc toute partie de l’organisme est constitutive de n’importe quelle pièce de la machine, ce qui prouve l’absurdité de la théorie de la machine vivante.

La seconde preuve de l’autonomie de la vie est tirée de l’étude de la reproduction. Si on admet qu’un œuf, en se divisant et en se différenciant pour former un organisme, n’est rien de plus qu’une machine en mouvement, comment comprendra-t-on que cette machine en se divisant mille et mille fois forme à nouveau une machine identique à elle-même c’est-à-dire un œuf capable de la même évolution ?

Tels sont les deux arguments essentiels du vitalisme nouveau. Ils nous invitent à dépasser les explications physico-chimiques de la vie, à admettre le rôle d’un principe spécial que Driesch appelle provisoirement l’entéléchie de l’organisme et sur lequel il s’expliquera dans son second volume.

Une critique un peu rapide, mais très substantielle du darwinisme et du lamarckisme, que l’auteur rejette l’un et l’autre, termine cette première série de conférences.

American philosophy : the early schools, by I. Woodbridge Riley, 1 vol. in-8 de x-593 p. Dodd, Mead and Co, New-York, 1907. — Par cette volumineuse étude sur la philosophie américaine xviie et xviiie siècles, M. Woodbridge Riley a contribué à éclairer une période de l’histoire de la philosophie qui se présentait jusqu’ici comme une masse indistincte de faits mal connus. Avant lui, on avait fait en Amérique de nombreux travaux de détail sur les débuts de la philosophie dans la Nouvelle-Angleterre. Mais il n’y avait guère qu’un seul ouvrage où l’on pût trouver des vues d’ensemble sur toute l’époque qui s’étend des pre-