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(idée du retour éternel), comme les positivistes, les évolutionnistes. M. Ewald trouve dans le fait psychologique de l’unité et de l’identité du moi, dans sa transcendance par rapport au temps, dans la nature supra-temporelle du moi, la base profonde du problème de l’immortalité. Ce qui existe hors du temps est par là-même éternel ; si l’identité du moi était absolument étrangère au temps, l’immortalité ne serait pas un problème : elle serait sous-entendue. S’il y a problème, c’est qu’à l’identité intemporelle du moi se mêlent sans cesse des éléments temporels, que ce moi intemporel apparaît comme impliqué, inséré dans le temps. L’antinomie est insoluble ; on n’a le droit de sacrifier aucun des deux termes de cette antinomie l’un à l’autre, ni le moi au temps, ni le temps au moi. Le métaphysicien ne peut prouver l’existence d’un moi absolument indépendant de conditions temporelles ; et le psychologue empiriste ne peut arriver, comme le voudrait l’associationnisme, à construire le moi avec des éléments temporels. L’idée de l’immortalité, c’est la conscience du moi élevée à une puissance supérieure ; or ce moi s’apparaît à lui-même comme à la fois dans le temps et hors du temps : d’où le caractère tragique du problème de l’immortalité et l’impossibilité de donner à l’idée d’immortalité une formule conséquente et unique.

Einführung in die Psychologie, par W. Wundt. 1 vol. in-8 de 129 p., Voigtländer, Leipzig, 1911. — Cette Introduction à la Psychologie est la première publication régulière de la nouvelle collection pédagogique Neue Bahnen, à Leipzig. Elle nous donne un excellent aperçu de la psychologie de Wundt par lui-même, et aborde les problèmes suivants : Conscience et attention, Éléments de la conscience, Association, Aperception, Lois de la vie mentale. Même à côté du Grundriss, ce bref aperçu ne manque pas de mérite propre et garde sa raison d’être. Il subordonne l’étude des éléments à celle des lois fondamentales de l’esprit, et il sait unir la clarté concrète à la concision synthétique. On peut dire que cette Introduction est à beaucoup d’égards une conclusion, et que non seulement les débutants, mais les initiés mêmes auront avantage à la lire.

Perceptionalismus und Modalismus, par Edward John Hamilton. Eine Erkenntnistheorie, trad. allem. de Martin Klose (Philosophisch-soziologische Bücherei, t. XXVIII, Leipzig, Dr. W. Klinkhardt. 1 vol. in-8 de 115 p. — Ce petit livre est le résumé des ouvrages précédents du Prof. Hamilton : The Human Mind, The Perceptionalist or Mental Science, The Modalist or the laws of rational conviction, a logic. C’est un essai de logique pratique « qui ne contredit pas les règles établies, mais les éclaire et les confirme. Ces explications logiques dérivent d’une théorie générale de la connaissance. Le modalisme doit sa naissance à l’application des principes perceptionalistes aux problèmes de la logique » (p. 99). Le perceptionalisme, c’est la doctrine optimiste de la connaissance, celle d’Aristote, des Stoïciens et des Épicuriens, opposée au scepticisme transcendantal, et qui se résume en cette proposition : les perceptions des choses sont vraies. Le modalisme montre comment en beaucoup de cas on peut arriver à une connaissance certaine et en d’autres à une croyance probable par l’inférence et la déduction. Le perceptionalisme est en accord avec les lois de la recherche scientifique ; il jette une vive lumière sur les règles et les formes reconnues de la conviction rationnelle (p. 2) ; ses principes sont immédiatement dérivés de l’analyse des opérations mentales de l’homme : toute science de l’intellect a pour base l’introspection, les perceptions immédiates de l’entendement propre (p. 3). Sur le fondement de ces principes M. Hamilton établit une série de propositions, dont le lien ne nous est pas toujours très nettement apparu, et dont l’ensemble constitue une théorie de la connaissance et une logique bourrées de définitions et d’exemples et où les questions de terminologie tiennent une grande place (voir notamment p. 23 et suiv.). — Les deux dispositions fondamentales de l’esprit ou entendement sont la faculté de penser et celle de croire (p. 4) ; la pensée est l’activité de l’esprit qui dans sa nature ou sa forme coïncide avec la nature ou forme des choses : c’est l’objectivité. La croyance est une sorte de confiance spirituelle ou intellectuelle dont le caractère essentiel est l’assertivité ou capacité d’affirmation. La pensée est objective : cela ne veut pas dire qu’elle est toujours d’accord avec les choses, mais que son essence correspond à l’essence des choses (p. 5). L’objectivité, c’est ce qui est dirigé vers des objets et d’accord avec eux, non ce qui appartient à des objets et est identique avec eux (pour ce dernier sens Hamilton propose objectuel, p. 6). La croyance n’apparaît qu’à la suite de la pensée et plus précisément des idées absolument simples d’existence et de non-existence qui ne requièrent ni ne comportent aucune analyse : ce ne sont pas des choses, mais on peut les affirmer