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n’insiste pas, et qui pourtant font de Condillac un des précurseurs de l’école historique. Enfin on ne saurait considérer Condillac indépendamment de son milieu. M. Didier est injuste pour Diderot, et ne montre pas assez ce que son auteur doit aux recherches anthropologiques de Buffon.

La Médecine française et la Théorie physiologique des émotions, par J.-P. Nayrac. 1 broch. in-8 de 31 p., Lyon, 1911. – La théorie physiologique des émotions, soutenue par James et Lange, a été exposée dès 1830 par deux médecins français : Ph. Dufour, de Mâcon et Bland, de Beaucaire. On retrouve chez eux les idées maîtresses de la thèse de James : l’affirmation que l’émotion n’est que la perception de mouvements organiques, l’importance accordée au processus nerveux centripète dans la genèse de l’émotion ; l’antériorité de la passion par rapport à l’idée ou au jugement, le rôle donné aux sensations viscérales par rapport aux sensations musculaires, enfin la reconnaissance des variations individuelles de l’émotion.

La découverte de M. Nayrac est curieuse et fort intéressante : l’objection qu’on lui fera sera peut-être que la théorie viscérale de l’émotion a été professée, avant Dufour et Bland par bien des philosophes et surtout des physiologistes. Elle se trouve en particulier dans Cabanis, dont M. Nayrac a eu tort de ne pas étudier l’influence sur les auteurs en question. Il faut cependant reconnaître que ses idées ne sont pas aussi nettement formulées que celles de Dufour, et de Bland.

Système de Politique Positive ou Traité de Sociologie d’A. Comte, condensé par Christian Cherfils. 1 vol. in-8 de viii-635 p., Paris, 1912, chez Giard et Brière. — M. Cherfils qui a déjà travaillé avec succès à résumer les idées esthétiques d’A. Comte, a réussi, cette fois, à condenser sous une forme relativement restreinte les quatre volumes de la Politique Positive. Il a suivi avec précision la division même des chapitres du Système, et son exposé est plus qu’une œuvre de vulgarisation, plus aussi qu’une introduction à l’ouvrage fondamental lui-même. La lecture du système est souvent pénible et décourageante. Le livre de M. Cherfils, écrit dans une langue infiniment plus claire et plus agréable, en contient la quintessence, au moins pour ceux qui s’intéressent plus à l’aspect philosophique qu’à l’aspect religieux et politique de la pensée d’A. Comte. Regrettons toutefois la rareté des notes explicatives.

Passé, Présent et Avenir social. (Conceptions et prévisions d’A. Comte), par Adrien Roux. 1 vol, in-8 de 434 p., Paris, 1911, chez G. Crès. — Les exposés de la doctrine positiviste se multiplient : M. Roux nous donne un résumé fidèle des principaux ouvrages d’A. Comte, — les cinq premiers Opuscules, le Discours sur l’esprit positif, le Cours et le Système. L’auteur a laissé à dessein en dehors de son étude ce qui concerne la philosophie des sciences spéciales et les parties mystiques de la philosophie religieuse. C’est pour cette dernière raison qu’il a, — et on peut le regretter, — négligé le Catéchisme. Somme toute néanmoins, c’est une œuvre claire et bien ordonnée de vulgarisation. L’auteur n’a ni prétendu faire, ni réussi à faire autre chose.

La Philosophie de William James. par Th. Flournoy. 1 vol. in-12 de 219 p., Saint-Blaise, Foyer Solidariste 1911. — M. Flournoy nous donne ici, mais très développée, nous dit-il, et précisée sur certains points une conférence faite à l’Association chrétienne suisse d’étudiants, à Sainte-Croix, en octobre 1910. Il y étudie presque exclusivement la métaphysique de James et sa théorie de la connaissance. Il commence par nous dire ce que fut James : une âme qui sentait les choses dans leur individualité, donc une âme d’artiste et une âme qui savait sympathiser avec la nature et avec les hommes, enfin c’était une âme qui voulait prendre la vie au sérieux. Les deux influences premières qui contribuèrent à former sa philosophie furent celles de Henry James, son père, et d’Agassiz ; l’un personnifie, pour ainsi dire, l’aspect religieux de l’âme de James, l’autre ses tendances de savant épris du concret. À partir du chapitre iii commence l’exposé de la philosophie de James. Le pragmatisme est étudié, peut-être un peu sommairement, dans le chapitre iv. On trouve, au chapitre v, une analyse précise et claire de l’empirisme radical. On peut cependant signaler ici quelques points discutables. M. Flournoy voit, à tort, semble-t-il, dans la croyance à l’unité du moi, un des traits qui oppose l’empirisme radical à l’empirisme ordinaire ; on peut se demander jusqu’à quel point le moi est un, pour James. Puis M. Flournoy nous dit d’une part que les choses sont conçues selon James comme des consciences, et d’autre part, que James n’est pas panpsychiste. Enfin on ne trouve pas de détails sur la théorie réaliste de James, qui est une des parties importantes de son empirisme radical. L’auteur explique, dans les chapitres suivants, ce