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295 p., Turin, Fiandesio, 1912. — Cette seconde édition d’un ouvrage qui a été analysé ici-même lors de son apparition n’apporte aucune modification à l’attitude première adoptée par son auteur. Les additions ou corrections sont destinées à préciser l’esprit général du livre, à réfuter les principales objections qui lui ont été adressées, à rectifier l’interprétation donnée par ses adversaires de telle des propositions qu’il contient. À ces modifications l’ouvrage n’a rien perdu de la vivacité d’allure et de l’ardeur spirituelle qui le caractérisent ; il a gagné peut-être en équilibre et en unité. Une introduction expose les raisons qui ont engagé l’auteur à représenter au public ces divers essais, et dont la principale se trouve dans la philosophie et l’Église. Bien loin qu’on puisse légitimement exclure a priori une philosophie parce qu’elle prend à cœur l’accord de la vérité philosophique avec les traditions, la vérité religieuse, et l’enseignement religieux, on doit au contraire ne pas isoler la philosophie, par une abstraction purement logique, des conditions réelles où elle se développe et vit. Or si l’on veut tenir compte de ces conditions, on ne songera pas à isoler la philosophie de l’Église. Quelque direction que prenne la pensée d’un philosophe, elle sera toujours, et non accidentellement, ou en accord ou en contradiction avec les enseignements de l’Église. De plus, dans la mesure où l’Église n’est pas une société quelconque, mais en quelque manière la pensée même, il s’ensuit que tous ceux qui aiment la vérité sont l’Église, qu’aucun penseur ne peut se considérer comme étranger à l’Église ou l’Église comme étrangère à soi, que la doctrine et la vie de l’Église sont ce qu’il y a de plus intéressant, et même sont la seule chose qui soit intéressante pour l’esprit. L’auteur estime donc avoir le droit de s’adresser aux philosophes en tant que tels, et de faire porter au contraire tout l’effort de sa dialectique contre ceux qui asservissent la philosophie à d’autre disciplines et qui conduisent en fin de compte le catholicisme à un positivisme matérialiste tel que celui de l’école de Louvain. À cette apologétique paradoxale qui prétend fonder la vérité chrétienne sur les bases du sensualisme de Taine ou de Condillac, il convient de substituer l’idéalisme authentique de Platon, de Malebranche et de Rosmini qui réalise l’accord parfait de l’ordre spirituel et de l’ordre sensible dans la synthèse de la connaissance humaine.

Robert Bellarmin. Les marques de la véritable Église, par L. Cristiani, 1 vol. in-18 de 64 p. Paris, Bloud, 1912. — Une brève notice rappelle les événements principaux qui ont marqué la vie de Bellarmin, et situé ses Controverses dans l’ensemble de ses œuvres. L’auteur traduit ensuite le livre VI de la quatrième Controverse, dans lequel Bellarmin établit les marques de la véritable Église contre les protestants. Les passages essentiels sont seuls traduits, les autres sont résumés en petit texte. Les notes, relativement nombreuses, renseignent brièvement le lecteur sur les personnes nommées ou les ouvrages cités par Bellarmin. Quelques-unes ont une portée plus dogmatique ; elles témoignent toujours d’une sincère volonté de bonne foi et de loyauté dans la discussion.


REVUES ET PÉRIODIQUES

Mind (octobre 1911-juillet 1912). — Il faut signaler dans le Mind l’étude de M. Schiller, intitulée « Relevance », ce que l’on peut traduire à peu près en français, nous dit-il, par « l’idée de l’à-propos ». Ce mot de « relevance » indique bien, d’après Schiller, que la pensée choisit parmi les faits, et choisit par rapport à nous. Dans la science comme dans notre vie de tous les jours, nous n’affirmons pas tout ce qui est vrai, mais seulement cette partie de la vérité qui nous intéresse. Introduire cette considération dans la logique, ce sera détruire l’idéal d’une science totale ; et il faudra dès lors reconstruire une nouvelle logique et une nouvelle philosophie (avril 1912). — M. Strange critique la théorie de la connaissance de Bradley et la part faite dans cette théorie au sentiment (octobre 1911). M. Macintosh veut concilier dans sa doctrine, qu’il appelle un pragmatisme représentationnel, le pragmatisme et l’intellectualisme (avril 1912). M. Fawcett oppose aux théories bergsoniennes ses conceptions panpsychistes (avril 1912). M. S. Alexander développe une théorie réaliste de la connaissance (janvier, juillet 1912). M. Mackenzie, dans son article sur l’Âme et le Corps, apprécie le néo-réalisme en disant qu’il est, plutôt que réfutation de l’idéalisme, réfutation du matérialisme, affirmation que le monde ne se réduit pas à un ensemble de faits physiques ; le réalisme nous délivre, dit-il, du scepticisme, de l’agnosticisme, du pragmatisme, et autres formes du pur subjectivisme ; mais l’idéalisme reste un système valable et plus valable que le réalisme (octobre 1911).

Journal of Philosophy, Psycho-