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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE


SUPPLÉMENT
Ce supplément ne doit pas être détaché pour la reliure.
(N° DE JANVIER 1910)



LIVRES NOUVEAUX

Le lien social, par Sully-Prudhomme, 1 vol. in-8° de xix-230 p., Paris, Alcan, 1909. — M. Camille Hémon a rassemblé pieusement les notes et les fragments d’un grand ouvrage qu’avait projeté Sully-Prudhomme sur la vie sociale. Il ne semble pas que ni le titre (ce qui ne serait rien), ni le plan, ni même le sujet aient été arrêtés par l’auteur d’une façon ferme. Aussi eût-il peut-être mieux valu nous donner ces fragments comme tels, sans essayer de les ordonner en une perspective factice qui risque d’en fausser le sens. Quoi qu’il en soit, il semble que les préoccupations de Sully-Prudhomme se soient portées surtout sur cette partie de la sociologie que Comte appelait la statique et qui est la théorie de la solidarité, ou du lien social. Il s’efforce de déterminer les diverses façons dont peuvent se produire l’accord ou la subordination des personnes dans la société ; il cherche les principes de ce qu’il appelle singulièrement la possession sociale. Et, autant il trouve de modes d’action de l’homme sur l’homme, autant il distingue de régimes sociaux. Or l’accord chez l’homme peut être produit par la force, par l’autorité morale (ascendant), par l’amour ou enfin par la considération raisonnée des intérêts et des droits réciproques : d’où les quatre régimes de la violence, de l’ascendant, de l’amour et de la critique. Sur tout cela Sully-Prudhomme ne donne que des indications assez vagues et c’est sans doute s’abuser que de rappeler à ce propos les vues de Montesquieu sur les diverses sortes de constitution. On n’y peut guère voir qu’une orientation proposée aux recherches sociologiques, que Sully-Prudhomme voudrait, à la manière de Tarde et contrairement aux vues de M. Durkheim, rattacher directement à la psychologie comme à leur principe. — En somme ces fragments nous intéressent beaucoup moins parce qu’ils nous font connaître une doctrine sociale qui reste bien indéterminée, que parce qu’ils nous apprennent les préoccupations morales, à ses derniers jours, d’une des âmes les plus nobles et les plus sympathiques de notre temps.

Les philosophies affirmatives, par E. Naville, 1 vol. in-8 de 400 p., Paris, Alcan, 1909. – En approchant du terme de sa longue existence, si honorablement vouée à la philosophie, M. Naville a voulu








coordonner systématiquement les idées les plus générales auxquelles l’avaient conduit ses réflexions sur-toutes sortes de sujets. Il s’est donné la satisfaction de définir sa position, ou plutôt la position de sa doctrine parmi les systèmes et d’en démontrer la supériorité. Il s’est préoccupé d’abord de déterminer l’objet et les conditions de la philosophie (La Définition de la philosophie, in-8, 1894). Il lui donne pour objet la découverte « d’un principe premier qui fournisse dans la mesure du possible l’intelligence de l’uni.vers ». Toute spéculation qui se rapporte, de quelque façon que ce soit, à l’idée d’un tel principe est une philosophie. Seulement il y a deux façons de s’en préoccuper. On peut douter ou nier qu’un tel principe soit accessible à l’homme, on constitue alors une philosophie négative tels sont le scepticisme, le criticisme, le positivisme, que M. Naville a examinés et discutés en premier lieu (Les Philosophies négatives, Paris, 1900). On peut au contraire admettre l’aptitude de l’homme à connaître l’absolu i l’office de la philosophie est alors d’en déterminer la nature. Ainsi se constituent les philosophies affirmatives ou les systèmes ces philosophies sont l’objet du dernier ouvrage de M. Naville. Une philosophie affirmative-se constitue