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Rbv. Meta. T. XXVIII (n« 1, ÎMI). 1

JULES LAGHELIER

II est peu d’hommes que l’on puisse sûrement connaître et apprécier d’après leurs seules publications. Celles-ci représentent les résultats de son travail que l’auteur a souhaité de communiquer au public elles ne conservent pas nécessairement la trace del’effort secret et des ambitions de sa pensée. Si cette remarque, assez souvent, se présente à l’esprit, il semble qu’elle s’applique tout particulièrement à Jtles Lacueliek : Ceux qui ne l’ont connu que par ses écrits imprimés ont peine à se faire une juste idée de ce qu’il fut pour ceux qui le connurent de près, de l’influence qu’il exerça, de la signification intime et profonde de ces écrits euxmêmes. L’oeuvre de Lachelier, entendons-nous dire, est à coup sûr 1res distinguée, soigneusement écrite, longuement élaborée. Mais quelle concision austère, quelle sobriété voisine delà sécheresse, quelle parcimonie Comment se fait-il que cet octogénaire n’ait laissé que quelques pages ?Cette pensée devait être. au fond, plus critique que créatrice, plus scrupuleuse que spontanée.

Ainsi entendons-nous parfois juger de Lacheuer. Or un tel jugement est presque l’opposé de la vérité. Lacueuer était l’abondance, la facilité, la verve et la vivacité d’esprit en personne. Sa conversation était un jaillissement cuntinu d’idées et d’images originales. Et il se plaisait à développer et mettre en valeur les thèses les plus contraires à ses idées propres. Sa correspondance est d’une richesse, d’une grâce, d’un naturel et d’une élégance qui provoquent i chaque pas l’admiration. On a retrouvé, dans les greniers de l’Ecole Normale, parmi de vieux papiers jaunis que se disputaient les rats. une composition de Lacuelier sur cette pensée de St-Francois-de-Sales « Une bonne manière d’apprendre, c’est de