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et l’organisme, il est clair que c’est par le système nerveux que la conscience et la volonté peuvent agir sur le monde matériel. L’importance de la vie nerveuse est double : 1° par sa fonction centralisatrice elle fait coopérer les fonctions organiques d’une manière plus parfaite qu’autrement il ne serait possible ; 2° elle a la propriété d’accumuler de l’énergie qui, plus tard, se déchargera dans des conditions déterminées et dans des directions déterminées. D’une façon purement organique, dans la croissance et dans les premiers mouvements involontaires, il se manifeste déjà une direction de mouvement originale que les conditions extérieures peuvent changer, mais non produire de prime abord.

Je trouve naturel de supposer que ce qui est. pour l’observation de soi-même, un processus de conscience est identique à ce qui est, pour l’observation physique et physiologique, un processus matériel organique. Il faut bien nous garder de prêter une validité absolue, dans la nature même, aux distinctions qu’il faut faire pour y voir clair. quand même nous ne pouvons, bien entendu, supposer fortuite la nécessité de faire certaines distinctions déterminées pour bien comprendre la nature. Et si ce que psychologiquement nous appelons volonté était lié dans son principe à l’énergie qui agit dans l’organisme, la primitivité de l’élément de volonté serait évidente. Mais je soutiens que, même abstraction faite de toute spéculation sur cette question, cette primitivité sera déjà évidente du point de vue purement psychologique.

Malheureusement la terminologie psychologique varie encore tellement que les controverses psychologiques semblent quelquefois n’être qu’une querelle de mots. Ainsi on pourrait dire que je prends le mot « volonté dans un sens plus étendu que d’autres psychologues, et que la solution de toute la question repose sur une définition. Il est clair que moins de traits caractéristiques on donne à une conception, plus la totalité des phénomènes auxquels elle peut s’appliquer sera grande. La compréhension et l’extension sont en raison inverse. Sans doute, la conception de volonté aura une compréhension très large, si, pour supposer un vouloir, nous ne demandons que ce dont on peut démontrer l’existence même dans les phénomènes de conscience les plus élémentaires. Je ne dispute pas sur les mots. Mais