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artiste, quand, à travers cette fantasmagorie, plutôt éclairée que dissipée, de quelques, grands acteurs historiques vaguement caractérises, appelés Égypte, Rome, Athènes, etc., nous apercevrons un fourmillement d’individualités novatrices, chacune sui generis, marquée à son propre sceau distinct, reconnaissable entre mille.

Je puis donc conclure encore une fois que, par l’introduction de ce point de vue sociologique, nous aurons fait précisément ce que font toutes les autres sciences en avançant, remplacé des similitudes et des différences fausses ou vagues, en petit nombre, par d’innombrables similitudes et différences vraies et précises ; ce qui est double profit pour l’artiste et le savant, et avant tout pour le philosophe qui doit, à moins de n’être rien de distinct, synthétiser les deux.

Quelques remarques encore. Aussi longtemps qu’on n’a pas eu découvert de fait astronomique élémentaire, l’attraction suivant la loi newtonienne, ou du moins la gravitation elliptique, il y a eu des connaissances astronomiques hétérogènes, une science de la Lune, sélénologie, une science du Soleil, héliologie, etc., mais non l’astronomie. — Aussi longtemps qu’on n’a pas aperçu de fait chimique élémentaire (affinité, combinaison en proportions définies), il y a eu des connaissances chimiques, des chimies spéciales, du fer, de l’étain, du cuivre, etc., mais non la chimie. — Aussi longtemps qu’on n’a pas eu découvert le fait physique essentiel, la communication ondulatoire du mouvement moléculaire, il y a eu des connaissances physiques, l’optique, l’acoustique, la thermologie, l’électrologie, mais non la physique. — La physique est devenue la physico-chimie, la science de la nature inorganique tout entière, quand on a entrevu la possibilité de tout y expliquer par les lois fondamentales de la mécanique, c’est-à-dire quand on a cru découvrir, comme fait inorganique élémentaire, la réaction égale et contraire à l’action, la conservation de l’énergie, la réduction de toutes les forces en formes du mouvement, l’équivalent mécanique de la chaleur, de l’électricité, de la lumière, etc. Enfin, avant la découverte des analogies existant, au point de vue de la reproduction, entre les animaux et les plantes, il y avait non pas même une botanique et une zoologie, mais des botaniques et des zoologies, c’est-à-dire une hippologie si l’on veut, une cynologie, etc. Mais la découverte des similitudes dont il s’agit ne donnait qu’une bien partielle unité à toutes ces sciences éparses, à ces membra disjecta de la biologie future. La